
le penchant au meurtre, je l’eusse découvert dans ce sujet. La région
indiquée ci-dessus est extraordinairement développée et très-saillante;
c’est ce qui explique le penchant qui l ’entraînoit avec violence
à commettre un homicide.
Voici quelques passages extraits de l’acte d’accusation de cet assassin.
« Perrin, en descendant l’escalier, tenoit une chandelle, et précé-
doit Voirin. Tout-à-coup il se sent frappé d’un violent coup à la tête.
Son chapeau tombe et éteint la lumière. Epouvanté, il cherche à lutter
contre son assassin qui redouble ses coups, se précipite sur sa victime,
la terrasse, lui appuie l’un de ses genoux sur la poitrine, et la frappe
à coups redoublés. Perrin, cependant, n’a pas entièrement perdu ses
esprits ; il lui reste assez de force pour saisir son meurtrier aux cheveux ;
il lui mord fortement la main , et lui arrache une masse de fer dont il
étoit armé. Voirin ressaisit cette masse ; il en frappe encore Perrin, qui
cependant conserve encore des sentimens de pitié et de générosité pour
son assassin. Malheureux, lui dit-il ,ye te connois depuis ton enfance,
et tu veux rriassassiner ! Mais je connois ton père, ;'e ne veux pas te
perdre, sauve-toi. 11 veut ouvrir la porte pour le faire évader, mais
Voirin se rejette sur lui, et lui porte de nouveaux coups ».
■ « Cependant Perrin parvient à ouvrir; il appelle du secours. A ses
cris Voirin est saisi commettant le crime. Je suis un homme perdu,
s’écrie-t-il; j e suis un monstre, un scélérat. Ces expressions paraissent
se reporter sur un crime commis antérieurement. Je sens de cruels
remords, dit-il, depuis deux mois j’ai acheté des pistolets pour me
brûler la cervelle ; je suis fâché de ne m’être pas détruit- Il va jusqu’à dire
qu’il étoit entraîné par un affreux penchant qui le portoit à assassiner
».
« Arrêté au moment même de l’assassinat de Perrin , il s’écrie : Je
sens de cruels remords; je suis entraîné par une force irrésistible à répandre
le sang de mes semblables; depuis deux mois j’ai acheté des pistolets
pour me brûler la cervelle, je suis fâché de ne m’être pas détruit
».
Quand le sieur Daulonx, après l’assassinat de Geyer, remarqua les
dépenses de Voirin ; qu’il lui en fit des reproches ; qu’il conçut même
des soupçons sur sa fidélité, Voirin dit que c’est une femme qui fournit
à ses profusions. Dans sa défense, il attribua son argent à des gains faits
au jeu peu de temps après l’assassinat de Geyer.
Voirin n’étoit pas idiot, à la vérité, par conséquent pas absolument
’incapable de réfléchir et d’écouter des motifs d’un ordre relevé ; c’est
pour cela qu’il vouloit, en se détruisant lui-même, prévenir le crime
auquel il se sentoit entraîné; mais son front très-déprimé atteste qu’il
n’étoit doué que de qualités intellectuelles extrêmement médiocres.
La partie supérieure du frontal est aplatie ; ce qui indique un defaut de
bonté ët de bienveillance. La tête du fratricide Dautun est jetée à peu
près dans le même moule. Lorsqu’à une organisation aussi malheureuse,
il se joint un défaut d’éducation et d’instruction morale et religieuse, il
est facile de prévoir comment un semblable individu doit finir,
pour peu que les circonstances le poussent au crime. C’est par cette
raison que j’insiste avec tant de persévérance sur l’instruction que
l ’on devrait donner aux basses classes qui se trouvent bien plus que
les autres excitées au vice et au crime‘. Combien de fois n’a-t-on
pas occasion de dire que les Vrais coupables sont ceux qui laissent
croupir le peuple dans l’ignorance et dans la superstition ! Le récit que
l ’on va lire, offre plusieurs points de ressemblance entre Voirin et
l’auteur d’un crime commis à Albi, en 1808.
« La Cour de justice criminelle du Tarn, dit M. Contèle 3, condamna
à mort, par arrêt du 21 janvier 1809 , un homme convaincu
d’avoir assassiné son beau-frère. Les jurés et les assistans furent frappés
du caractère soutenu de férocité que présenta cet individu daus le
cours des débats. Il portoit la face la plus sinistre. Son air sombre et
farouche, ses yeux hagards ne permettoient pas de l’envisager sans effroi.
* Tome II, Section III, p. 187.
3 Observations sur la constitution médicale de l’année 1808, a Albi. IIe. partie ,
par M. Contèle, docteur en médecine et en chirurgie, etc., etc. A Albi 1809,
p. i65, i 65.