
Maintenant, il est question de savoir si, dans la doctrine des fonctions
cérébrales, nous devons nous en tenir à des principes généraux,
ou s’il existe un moyen de déterminer les fonctions de chaque partie
encéphalique particulière de chacune des puissances fondamentales
de 1’ âme, et de fixer le siège de chacun des organes individuels?
Tous mes devanciers, même ceux qui admettent la pluralité des organes
de l’ame, ont échoué dans leurs tentatives pour déterminer le
siège de chacun d’eux; et c’est en examinant la forme des crânes et des
têtes, et en la comparant aux qualités morales et aux facultés intellectuelles,
dont les sujets étoient doués, que j’y ai réussi.
Comment cela est-il possible ? 11 existe donc un rapport ou une correspondance
déterminée entre le cerveau, le crâne et la tête ? La possibilité
de la solution qui nous occupe suppose que les organes de
l’ame sont situés à la surface du cerveau ; qu’ils sont plus ou moins
déprimés, plus ou moins applatis, plus ou moins élevés, plus gros ou
plus petits , selon que l’exercice de leurs fonctions est susceptible de
plus ou moins d’énergie; que ces variétés de forme, des parties cérébrales
individuelles, se prononcent sur la surface du crâne et de la tête :
assertions qui demandent à être rigoureusement prouvées.
J’ai démontré, dans le deuxième volume ', qu’il y a disposition à
un exercice d’autant plus énergique des fonctions, que l’organe sain,
choses égales d’ailleurs , a reçu un développement plus considérable ;
et je suis entré à cet égard dans tous les détails nécessaires.
Les observations suivantes serviront de réponse à la question :
Jusqu’à quel point est-il vrai de dire que les organes de lame sont
situés à la surface du cerveau?
Il faut se rappeler que chaque nerf, après avoir été suffisamment
renforcé, se ramifie et s’épanouit dans la partie où il doit exercer son
action. Les nerfs de la sensibilité et des mouvemens- s’épanouissent dans
la peau et dans les muscles; les nerfs des sens, chacun dans l’instrument
extérieur auquel il appartient ; par exemple, le nerf olfactif dans
' Page 33g et suivantes.
la membrane pituitaire des cornets du nez; le nerf du goût dans la
langue, et l’épanouissement du nerf optique forme la rétine.
Cette partie, dans laquelle le nerf s’épanouit, n’est pas, à la vérité,
tout 1 organe ; mais de l’étendue de l’épanouissement on peut inférer
la grosseur du nerf lui-même. L’épanouissement du nerf olfactif, chez
le chien et chez le cheval, est plus considérable que dans l ’homme.
Aussi ce nerf est-il plus gros, depuis son origine jusqu’à son épanouissement
, chez ces animaux que dans notre espèce.
La nature suit prçcisement la même loi dans le cerveau. Les différentes
parties cérébrales naissent et se renforcent en différens endroits :
elles forment des faisceaux fibreux plus ou moins considérables, qui
finissent par s épanouir. Tous ces épanouissemens des différens faisceaux,
reunis, forment les hémisphères du cerveau.
Ces hémisphères ne sont donc autre chose qu’une membrane nerveuse,
épaisse d’une à deux lignes, recouverte à toute sa surface externe
d’une matière pulpeuse ou gélatineuse grisâtre.
Que 1 on imagine cette grande membrane nerveuse, telle qu’on la
voit dans des hydrocéphales considérables, plissée comme un falbala ,
de manière que chaque pli ait à-peu-près douze à seize lignes (plus ou
moins) de profondeur, il naîtra les circonvolutions, dont les intervalles
ont reçu des anatomistes le nom d’anfractuosités, et nous aurons les
deux hémisphères tels que la nature les a placés dans le crâne, dans
leur état de plissement. L ’épanouissement du nerf olfactif forme des
plis analogues dans les cornets du nez.
Un petit faisceau nerveux ne peut former qu’un épanouissement pefl.
considérable, et par conséquent que de petits plis, qu’une petite ou
plusieurs petites circonvolutions.Un faisceau nerveux considérable, au
contraire, forme un épanouissement très-ample et très-épais, et par
conséquent des plis et des circonvolutions bien plus volumineux.
Ainsi donc, quoique toutes les parties intégrantes d’une partie cérébrale
quelconque ne soient pas situées à la surface du cerveau, depuis
leur origine jusqu'à leur épanouissement, on peut cependant tirer de
la grandeur du p li, ou de la circonvolution, des inductions certaines