
des mères défectueusement organisées, cèdent, plutôt que d’autres, aux
circonstances malheureuses qui les poussent au crime, parce qu’elles ne
sont pas douées de ce sentiment profond qui, dans le coeur d’une bonne
mère, se révolteroit victorieusement contre un semblable attentat'.
Du moment où la jeune personne chez laquelle cet organe a acquis un
très-grand développement, connoît sa destination, toutes ses idées ont
pourbasele désir d’être mère. Chaque enfant quelle rencontre donne une
vivacité nouvelle aux voeux que, sans le savoir pèut-être, elle forme au
fond de son coeur. Quelque bien assortie que puisse paroitre une union
qu’elle a contractée, elle ne sauroit y trouver le bonheur si elle n’est
pasmère. Un époux estimable est sans doute un bien précieux pour une
semblable femme, mais rien n’approche à ses yeux du bonheur d’avoir
des enfans. Que la bonne tarde quelques instans de rentrer avec le
nourrisson chéri, l’imagination alarmée delà tendre mère lui peint
mille dangers qui le menacent; au moment d’un péril imminent, où
.est le héros dont le courage égale celui d'une mère!
Nous trouvons l’organe de l’amour de la progéniture généralement
plus développé chez certaines nations que chez d’autres. On observe
qu’il l’est d’ordinaire beaucoup chezles négresses ; aussi l’infanticide est-
il un crime presque inouï chez ce peuple. M. Peale, ainsi que toutes les
autres personnes auprès desquelles je me suis informé à ce sujet, m’ont
assuré qu’ilsn’ontjamais entendu parler d'un semblable attentat commis
par une noire. Cet organe est même d’ordinaire très-développé chez les
nègres mâles; aussi très-souvent les nègres consentent-ils à se charger en 1
1 J’ai d ît, dans la section III, du deuxième volume, p. 166, en parlant de la
mère qui commet un infanticide : « Peut-être même n’agit-elle que dans un
accès de démence re'elle dont les mères les plus heureuses sont quelquefois
attaquées au moment de leur délivrance. Je lis dans le rapport du conseil général
des hospices, 1804— 1814 : Que sur deux mille huit cent-quatre femmes
aliénées qui furent reçues à la Salpétrière et à Bieêtre, dans le courant de ces
dix années, il s’en trouva 658, dontTaliénation provenait des suites de l’accouchement,
ou de ce qui l’avait précédé de plus ou moins loin.
Europe du soin des enfans. Les voyageurs rapportent que les Tunguses
et les habitans de l’Amérique septentrionale aiment singulièrement les
enfans. J’ai vu à Gôttingue, chez M. le professeur Blumenbach, deux
crânes de Tunguses, et un crâne d’un habitant du Nord de l’Amérique;
dans tous les trois cet organe étoit très-développé. Ainsi non-seulement
des individus, mais des nations entières fournissent des preuves que les
parties cérébrales placées dans l’occipital, sont l'organe de l’amour de
la progéniture. Voyons maintenant ce qui arrive lorsque l’activité de
cet organe est surirritée.
aliénation de l’amour de la progéniture.
Nous avons vu que la surirritation de l’organe de l’instinct de la propagation
produit une manie partielle, la manie érotique; c’est d’une
manière semblable que naissent toutes les monomanies, maladies dont
l’explication devient impossible, si l’on n’admet pas les organes particuliers.
Dans le grand hôpital de Vienne, se trouvoit une femme grosse, attaquée
d’une maladie grave. On me dit qu’elle avoit un genre de délire
tout particulier, c’est-à-dire qu’elle soutenoit être enceinte de six enfans.
En conséquence de mes principes, j’attribuai ce phénomène en partie
à un développement plus qu’ordinaire, en partie à une surirritation de
l ’organe de l’amour de la progéniture, et je priai les médecins de m’envoyer
la tête, de cette femme, au cas qu’elle mourût. Elle mourut. Quelle
fut ma joie, en voyant un développement extraordinaire de cet organe !
Les lobes postérieurs, non-seulement dépassoient le cervelet beaucoup
plus qu’ils ne font d’ordinaire dans les têtes de femme, mais encore ils
étoient arrondis et très-volumineux. La PI. LX représente ce crâne.
M. Rudolplii voudroit expliquer le prolongement en arrière de cette
tête par une pression qu’il auroit soufferte de haut en bas. Mais comment
prouvera-t-il qu’une semblable pression a eu lieu en effet? Pourquoi
les os n’ont-ils pas cédé également dans le sens de la largeur? Du reste
lorsqu’un crâne est déformé par une pression, les parties cérébrales