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Tout comme certaines pèrsonnes conservent assez souvent leurs
facultés mentales, malgré un hydrocéphale très considérable, de même
on trouve quelquefois aussi les formes de tête les plus bizarres, chez
des individus qui jouissent également de toute l’intégrité de ces facultés.
Il ne faut cependant pas oublier ici ce que j’ai dit plus haut, Vol. II, des
dispositions particulières aux maladies mentales. Les têtes qui, à raison
d’un développement extraordinaire, mais non maladif, de certains
organes, ont pris une forme peu commune, font absolument exception
à ce qui est applicable aux dispositions à des maladies mentales.
Influence du cerveau sur le crâne dans les maladies
mentales.
Les aliénations sont des maladies du cerveau. Heureusement, de nos
jours, Démocrite ne retrouveroit ses Abdérites que parmi certains métaphysiciens.
Si l’on veut combattre des opinions dangereuses dans
leurs conséquences, que l’on combatte celles qui condamnent à un cruel
abandon, et relèguent dans des étables infectes dès victimes malheureuses,
qui méritent toujours notre compassion, et souvent notre estime.
On n’ose arrêter ses regards sur les établissemens pour les aliénés,
encore tellement défectueux dans la plupart des pays, qu’ils ne sont
que les monumens honteux de la plus profonde ignorance.
Je ne tardai pas à m’apercevoir que mes recherches répandroient du
jour sur plus d’un point relatif aux aliénations. Comment des médecins
qui n’avoient nulle idée des fonctions du cerveau dans l’état de santé ,
auroient-ils pu avoir des idées justes sur lés* maladies mentales? Je
m appliquai donc à ouvrir autant de crânes d’aliénés que je pus m’en
procurer ; je vais communiquer à mes lecteurs ce que j’y ai reconnu relativement
au crâne, et ce que M. Spurzheim et moi nous avons constamment
trouvé confirmé.
Quoique, comme je l’ai montré plus haut, Vol. II, p. 2Ô5 et suiv., toute
manie, tout idiotisme, ettoute démence, aientleursiége immédiat dans le
cerveau, on ne peut cependant que dans un petit nombre de cas, considérer
ces maladies comme des suites de dérangemens organiques visb
blés de l’encéphale; Lorsque la maladie a été de courte durée, le
cerveau et le crâne souvent n’offrent pas la moindre trace d’altération
maladive.1
■ Mais lorsque la maladie cérébrale est chronique, il se manifeste dans
le cerveau les mêmes phénomènes que l’on observe dans les nerfs longtemps
affectés de maladie. Après unesciatique nerveuse d’une longue
durée, le nerf finit par s’atrophier, et toutes les parties qu’il vivifioit
participent à cette atrophie. La même chose arrive au cerveau, lorsque
ses forces vitales sont lésées depuis long-temps. Il s’amaigrit, ses circon
volutions deviennent plus étroites, et perdent de leur turgescence, tout
l’encéphale se rapetisse; et ici, comme dans l’âge avancé, la lame
interne du crâne suit l’affaissement du cerveau; les os du crâne s’épaississent,
mais ils ne deviennent point, comme dans la vieillesse, plus
spongieux et plus légers , mais tout au contraire plus denses, plus compactes,
plus pesans, et se rapprochent de la nature de l’ivoire • Planche
X X X V I , fig. 2 et 3.
Plusieurs médecins avoient remarqué cette circonstance, mais loin
de la regarder comme une suite de la maladie cérébrale, ils la considéraient
comme sa cause. Ils pensoient que le crâne, à raison de son épaississement,
comprimoit le cerveau, et entravoit ainsi l’exercice des fonctions
de l’ame.Encore de nos jours, Dumas|, MM. Baillie, Ewerard Home * et
d’autres sont de cette opinion. S’il en étoit ainsi, les maladies mentales
ne pourraient naître que très-lentement, et l’on ne concevrait guère
comment, à l’aide d’un traitement raisonnable, on guérit tant de maniaques,
et souvent en si peu de temps.
L’on ne trouve point encore le changement organique en question
dans le crâne des personnes mortes après avoir été maniaques pendant
un court espace de temps, à moins que la manie ne se soit développée
■ Physiologie, T. IV, p. 84.
a Morbid anatomy.