
caractère ardent, et les facilités que lui donnoit un rassemblement
journalier de jeunes ouvrières dans une grande manufacture. 11 prend
alors l’habitude de s’adonner au plaisir sans frein et sans mesure, le
plus souvent à diverses heures du jour et de la nuit; il fait succéder, à
lage de vingt ans, d’autres excès non moins destructeurs; ceux de l ’intempérance
et de la fréquentation répétée des lieux de débauche. Des
maux vénériens, tour-à-tour guéris et de nouveau contractés, viennent
se joindre à l’épuisement, et se compliquer avec d’autres affections cutanées.
Des objets de commerce rendent alors nécessaires des voyages
fréquens en chaise de poste, le jour, la nuit, et dans toutes les saisons
de l’année. Les traitemens au mercure sont tour-à-tour commencés,
suspendus, renouvelés, san§ ordre et sans règle. Dès lors, les symptômes
les plus marqués d’une hypochondrie la plus profonde ; digestions
laborieuses et très - imparfaites ; flatuosités incommodes ,
rapports acides, alternatives de resserrement ou de relâchement des intestins,
douleurs vives de colique devenues périodiques; frayeurs sans
cause, pusillanimité extrême, dégoût de la vie, ef plusieurs tentatives
de commettre un suicide. Une crédulité aveugle et puérile dans la vertu
des médicamens, et une confiance entière accordée à toute espèce d’empiriques,
se joignent déjà, à vingt-cinq ans, à la nullité entière pour un
plaisir dont il a abusé à l’excès, et à une décadence de.la raison qui ne
fait que s’accroître » '.
Tous les exemples cités jusqu’ici, prouvent qu’aucune espèce de"
manie érotique ne peut avoir son siège dans les parties génitales elles-
mêmes; qu’il faut de tonte nécessité chercher la cause de ce dérangement
là, où est celle de tous les dérangemens des facultés intellectuelles.
Or, comme le cervelet est l’organe de l’instinct de la propagation,
c’est de lui que doivent dépendre les surirritations et les dérangemens
de cet instinct.
J’expliquerai plus bas, en traitant des autres facultés fondamentales,
comment il se fait que la manie érotique est accompagnée tantôt de
' ur l'aliénation mentale, p. 46 et 47 > §- 57-
dévotion, tantôt d’orgueil", tantôt d’un autre sentiment exalté. Ici, je
continue de fournir les preuves de mon assertion : que le cervelet est
l’organe de l’instinct de la propagation, et j’en trouve de nouvelles:
dans les différentes manières dont cet instinct se manifeste dans l’idiotisme.
Observations sur l activité, ou l inaction, de l’instinct de
la propagation dans Vidiotisme.
On a le préjuge que les idiots, les imbéciles et les crétins sont très-
lascifs, et en proie à.tous les effets d’un tempérament lubrique. Supposé
qu il en soit réellement ainsi, je demande si les parties génitales de ces
pauvres d’esprit, ont une conformation particulière? Si elles sont parvenues
à un développement plus exubérant, si elles sécrètent une
liqueur séminale plus irritante? Si elles sont capables de bercer l’imagination
d’images lubriques plus vives ? L ’on ne sauroit soutenir aucune
dec es assertions.
Du reste, il s’en faut de beaucoup que l’instinct de la propagation se
manifeste d’une manière très-active chez tous les idiots et chez tous les
crétins. J ai soigneusement examiné un grand nombre de ces individus,
et voici le résultat de mes recherches.
Que les parties génitales soient grandes ou petites, elles n’ont jamais
une influence déterminée sur l'instinct de la propagation.
L ’instinct de la propagation est sans activité, toutes les fois que lé
cervelet n’a acquis qu’un foible degré de développement. Le sauvage de
l’Aveyron , qui se trouve aux Sourds-Muets, à Paris, n’avoit pas témoigné
encore, à l ’âge de seize ans, le moindre penchant pour les femmes;
aussi son cervelet étoit il très faiblement développé. ASalzbourg, le professeur
Hartenkeil me fit voir un crétin âgé de vingt et quelques Innées,
chez lequel l’instinct de la propagation ne s'étoit jamais manifesté en
aucune.manière, quoiqu’il fût assez bien fait, et qu’il jouît d’une bonne
1 Pinel, sur l’aliénation mentale, p. 172, §. 169.