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Les juges convinrent qu’ils n’avoient jamais rencontré figure de tigre
aussi prononcée ». ,
« La justice avoit suivi les traces de son crime, mais aucune déposition
ne constatoit qu’il -en fût l’auteur, parce qu’il l’avoit commis sans
témoins. Il l’avoua lui-même de son propre mouvement, et sans contrainte
; il détailla de sang-froid toutes les circonstances qui l’avoient
accompagné.... Récit affreux quifit frissonner d’horreur l’auditoire nombreux
qui l’écoutoit ! Après avoir tout avoué avec calme, et comme
s’entretenant d’un objet qui lui étoit familier, il déclara qu’il avait été
porté par son penchant à cet assassinat, ajoutant qu’il ne pouvait
résister à la tentation de tuer et de répandre du sang. A charge à lui-
même, il sembloit reconnoître que son existence étoit une calamité
pour ses semblables ». . . . . *
« Dans les interrogatoires particuliers, il avoit déjà fait connoitre une
série de crimes commis antérieurement sur ses proches parens. Entre
autres, il avoit fait plusieurs tentatives pour empoisonner sa mère et
son beau-père ». . . .
« La prononciation de son jugement ne l’intimida point ; il 1 entendit
sans crainte et sans remords; il rejeta l’appel, et demanda qu on
hâtât sa mort ; il refusa tout secours spirituel, fut au supplice sans
paroître affecté de l’idée de sa destruction prochaine, et monta à l’échafaud
sans émotion ». . .,
« Il importoit trop, continue M. le docteur Contèle, de qui j emprunte
tout ce récit, il importoit trop de vérifier sur ce sujet, si la conformation
du crâne répondoit au caractère bien connu, et à l’expression
de la physionomie qui l’accompagnoit, pour que je négligeasse de
l’examiner »,
« Descendu dans la fosse peu après l’exécution, j’hésitai un moment
à saisir la tête qui venoit d’être séparée du tronc. Les yeux étoient bril-
lans et les traits du visage pleins de menace et de fureur. Par le toucher,
je reconnus bientôt aux régions temporales de chaque côté une proéminence
située au-dessus du pavillon de l’oreille ; ayant mis à nu la
portion, écailleuse de l ’os, je trouvai à son tiers postérieur une bosse
'arrondie, qui pouvoit avoir trois à quatre millimètres d’élévation à son
centre, sur une douzaine de décimètres à sa base. Elle ressembloit assez
à un segment de ces petites billes d’ivoire ou de pierre, avec lesquelles
les enfans jouent. Ces deux éminences étoient parfaitement symétriques
entre elles».
Toute la région au-dessus des oreilles est plus remarquable que dans
aucun autre crâne ; dans celui de Madelaine Albert de Moulins, elle est
tellement développée, que je n’exagère point en disant qu’on croiroit
qu’elle a été soufflée. PI. LXVIII, fig. i. Ce monstre assomma, avec
une hache, sa mère et ses frères et soeurs. Pendant l’instruction de son
procès, elle parloit continuellement, et avec plaisir, de son action
atroce. Pour donner à un artiste la faculté de la dessiner, elle se plaça
sans qu’on eût besoin de la presser pour cela, dans l’attitude qu’elle
avoit prise en méditant son crime. PI. LXIX, fig. 1. Si l ’on en excepte
l’organe du meurtre VI, toute sa tête est très-médiocrement développée ;
le front est* peu élevé et étroit; d’après toutes les apparences cette
fille étoit privée de toutes les ressources que peut fournir l’éducation
pour combattre les impulsions pernicieuses auxquelles elle étoit en proie
par son organisation intérieure.
M. Spurzheim a vu, dans la collection de M. Hunter, deux crânes
de Caraïbes ; 1 un et l’autre très-bombés immédiatement au-dessus des
oreilles. Voyez aussi PI. LXXIV, fig. a, V I , le crâne d’un Caraïbe
adulte.
J’ai constamment remarqué que les scènes sanglantes ont un attrait
tout particulier peur les femmes chez lesquelles cet organe a acquis un
très-grand développement; elles aiment la chasse,) elles voudraient
être hommes pour suivre la carrière des armes; elles aiment exclusivement
les militaires ; les batailles ne sont jamais assez meurtrières à leur
gré; dans les journaux, il n’y a que les articles relatifs aux assassinats et
aux supplices qui piquent leur curiosité ; comme Aurélien et Louis XI
elles aiment à assister aux exécutions; et si la décence ne s’y opposoit,
à l’exemple de Catherine de Médicis, elles trouveroient du plaisir à
rendre leurs enfans témoins d’un spectacle aussi révoltant,
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