
en général, l’homme est doué d'un instinct de la propagation bien plus
impérieux que la femme; et les observations suivantes vont prouver la
vérité de ce que j’avance.
Chez les animaux, les femelles de plusieurs espèces, telles que les
chiennes, les jumens, les vaches, sont restreintes, pour la manifestation
de l’instinct de la propagation, à certaines saisons, à certaines périodes,
tandis que les mâles sont disposés toute l’année à se livrer à l’amour.
L ’état habituel de ces femelles ne suffit donc pas pour entretenir en
activité l’instinct de la propagation. Il faut qu’il survienne, en outre, une
circonstance qui irrite leurs organes pour leur faire souffrir ou désirer
l’approche du mâle.
Même chez ceux des animaux qui vivent dans un mariage aussi durable
que la vie, comme la plupart des espèces d’oiseaux, les martres, les
renards , les mâles sont plus ardens et plus disposés aux infidélités que
les femelles. Delà, chez ces animaux, les jalousies et les combats perpétuels.
11 est à remarquer que dans certaines espèces les femelles sont
très-jalouses, tandis que dans d’autres elles ne donnent aucune marque
de jalousie.
Dans notre espèce aussi, l’homme est entraîné aux plaisir?de l’amour
avec plus d’impétuosité que la femme. Hippocrate déjà avoit consigné
celte vérité. La nature a imposé à la femme les incommodités de la
grossesse, les douleurs de l’enfantement, le devoir d’allaiter et de
soigner les enfans. Elle a organisé la femme toute entière, pour parvenir
à ce but important et élevé. Chez l ’homme, au contraire, tout ce
qui a rapport à la propagation est restreint à la seule fécondation. Les
plaisirs de l’amour sont un besoin impérieux pour le jeune homme,
pour l ’homme fait, et souvent encore pour le vieillard. Toutes les insr
titufions sociales attestent l’abus que fait notre sexe de la supériorité
de ses forces, et portent l’empreinte de son penchant jaloux pour la
volupté.
Voyons maintenant si ces phénomènes s’expliquent par son organisation.
On pensoit jusqu’ici que l’homme étant généralement plus fort, ses
penehans doivent être plus violens par cela seul. Mais j’ai prouvé, dans
la section sur l’organe de Lame, qu’il n’existe absolument pas de proportion
directe entre la violence des penehans , et l’activité des facultés
d’un côté, et la force de la constitution prise collectivement de l’autre.
Les animaux petits sont, d’ordinaire, plus ardens dans l’amour que les
grands. Qui ne sait que souvent des hommes grands et des femmes
grandes sont très-indolens, et des personnes petites et foibles très-ardentes
dans le mystère amoureux ?
La différence de l’éducation n’explique rien non plus; car d’abord,
son influence ne va pas jusqu’à détruire les dispositions naturelles. En
second lieu, l’on ne doit pas oublier que même l ’éducation , les institutions
et les lois sont un résultat de notre organisation; ce n’est pas
nous qui produisons tout cela, c’est l’auteur de notre être qui le produit
par nous. En troisième lieu enfin, comment chez les animaux
la différence de la manifestation de l’instinct de la propagation dans
les deux sexes pourroit-elle être produite par l’éducation?
Non, il en est tout autrement; une loi éternelle de la nature doit
être fondée sur une base toute différente. Aussi en général, le cervelet
est-il sensiblement plus grand chez les mâles que chez les femelles. Dans
la plupart des cas, lorsque l’on place des cerveaux d’homme et de femme,
Ou d’animaux, mâles et d’animaux femelles à côté l’un de l’autre,
celui de l ’homme ou du mâle se distingue toujours par un plus grand
cervelet. La meilleure manière de rendre celte différence sensible, c’est
de placer les encéphales dans l’eau , afin qu’ils conservent leur forme,
et ne s’aplatissent pas par leur propre poids.
Cette observation s’est confirmée sur tous les animaux que j’ai été à
même d’examiner, depuis la musaraigne jusqua l’éléphant.
Il paroîtroit presque que cette différence est plus marquée dans l’espèce
humaine que dans les autres espèces d’animaux. Aussi n’existe-t-il
guère d’animal avec lequel l’homme doive être tenté de troquer, si l’on
met dans la balance qu’il est à même de jouir toute sa vie et dans toutes
les saisons, que sa jouissance est la plus parfaite, etc. Que l’on compare les
cervelets de femme, PI. IV. Pl. X , P I.XIII, avec les cervelets d’homme,