
Relativement à l’ordre successif^ dans lequel je traite
les qualités et les facultés, je reste fidèle, autant que possible,
à l’ordre que l’auteur de la nature paroît avoir fixé
lui-même, dans le perfectionnement graduel des animaux.
Je commence le traité de chaque force fondamentale
particulière et de son organe, par l’historique de la découverte.
J’ai toujours remarqué que la manière dont
mon attention a été appelée sur une qualité ou une faculté
primitive, offroit beaucoup d’intérêt aux philosophes
naturalistes.
Après cet historique, je développe l’histoire naturelle
de la force fondamentale en question chez l’homme et
chez les animaux. Cette histoire naturelle présente presque
toujours des vues nouvelles; elle explique au lecteur
ce que j ’entends par la dénomination mise en titre, et
qui, sans cette précaution, recevroit souvent une acception
toute différente de celle que je lui donne; elle
fait connoître la sphère d’activité de chaque organe, les
modifications de sa fonction, selon qu’il est plus ou
moins développé, plus ou moins actif; son développement
ou son dépérissement non simultanés avec le développement
et le dépérissement des autres organes ; son développement
et son activitésouvent précoces, indépendans aussi
des autres organes qui suivent la marche ordinaire del’accroissement;
son intégrité isolée dans la vieillesse, tandis
que tous les autres organes et leurs fonctions sont singulièrement
affoiblis;la disproportion de son activité avec celle
des autres organes dans le même individu, homme ou animal.
Cette histoire naturelle enfin fait voir que la force fondamentale
dont je traite, ainsi que son organe, existent
dans certaines espèces d’animaux, et n’existent pas dans
d’autres espèces. Je termine ordinairement cet aperçupar
des reflexions philosophiques sur les divers emplois que
l’individu fait d’une qualité ou d’une faculté, selon que
d autres qualités ou facultés exercent une influence plus
ou moins puissante sur celle-ci.
Ce procédé est presque toujours suffisant pour prouver
que la qualité ou la faculté que j ’expose, est une force
fondamentale, primitive, indépendante des autres qualités
ou facultés, et que , par conséquent, elle doit être
affectée à un organe particulier, indépendant de tous les
autres. Mais pour ajouter encore à l’évidence de ces
propositions, je continue l’histoire naturelle de chaque
qualité ou faculté aussi dans l’état de maladie , d’imbécillité
et de démence complètes ou incomplètes, d’aliénation
mentale plus ou moins totale et surtout d’aliénation
partielle. Car si dans l’imbécillité et dans la démence
incomplètes, une qualité ou une faculté se manifeste,
tandis que les autres sont paralysées; si dans la manie,