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Cela ne feroit-il pas présumer que la forme de la tête est déterminée
pardes circonstances extérieures et accidentelles?
La forme des cerveaux et des crânes varie originairement.
L ’hérédité des traits du visage et des formes dautres parties, prouve,
jusqu’à l’évidence, que les formes futures sont determinees dans le moment
de la conception. Je dis les formes futures, cest-à-dire la tendance
aux formes que les parties adopteront par la suite. Jamais enfant ne
naît avec un nez aquilin 5 mais le nez de tel enfant nouveau-ne, ainsi que
toutes ses autres parties, ont une tendance à adopter certaines formes.
Voilà pourquoi les formes des différentes parties varient originairement
d’un enfant à l’autre , au point qu’un observateur attentif, qui consa-
creroit à cette étude le temps nécessaire, seroit capable de déterminer,
d’après les formes du foetus, quelles seront les formes de 1 adulte.
M. Sômmerring, plusieurs accoucheurs , et moi-méme avons constamment
trouvé des variétés de formes de la tête d’un enfant nouveau-
né à un autre; l’on peut donc admettre que la forme future de la tête
lui est originairement empreinte. Je fais, comme de raison, abstraction
du cas où le nisus formations seroit contrarié par une violence extérieure.
La forme de la tête peut-elle être modifiée, soit pendant
le passage de l enfant, soit arbitrairement par des
compressions ou des malaxations ?
Quelques physiologistes prétendent tout de bon, comme M. Fodere ',
et d’autres soutiennent, par ironie, qu’en conséquence delà craniolo-
gie, tous nos penchans et tous nos talens dépendent de la forme du
bassin, de l ’action du forceps, ou de l’habileté de la sage femme.
Traité du D élire, T. I I , p. 128,
Meme dans les accouchemens ordinaires, les enfans apportent au
monde une tète très-déformée ; mais cette déformation ne concerne ni
le cerveau ni la boite osseuse qui le renferme; elle n’a lieu que dans les
parties molles; par la compression que la tète subit dans son passage,
par le bassin, les fluides éprouvent une stagnation dont il résulte une
tumeur entre le sommet et l’occiput. Par-là, la tète acquiert une forme
très-allongée; mais bientôt la circulation se rétablit, et la tète de
l ’enfant reprend.la forme qu’elle avoit dans le sein de la mère '.
1 Dans les ouvrages sur la physiologie et sur l’accouchement, je lis : « La tête
(du foetus) se séparera facilement du corps, surtout si la mâchoire inférieure
se trouve accrochée à la jonction des os pubis; parce que la hase du crâne, et
cette mâchoire, font résistance dans toute leur étendue, et présentent ensemble
une très-grande surface incapable de prêter, comme fait le sommet de
la tète dans l’accouchement ordinaire, où les os glissant, en partie, les uns sur
les autres, forment une figure conique qui en facilite la sortie ». Accouche-
mens laborieux de Tievreti 2e. édition. 1760, p. 2 et 3.
« Quand la tête s’allonge dans l’accouchement, c’est toujours selon son diamètre
oblique; de sorte que la pointe du cône, quelle représente alors, est
au-dessus de l’angle postérieur des pariétaux; mais elle ne peut éprouver ce
changement sans diminuer d’épaisseur, d’un côté à l’autre, et souvent du
sommet à la base ». De Part des accouchemens, par Baudeloque. Paris, 1796,
v o l.I ,p . 209.
« Comme dans le foetus les pièces osseuses du crâne sont en grand nombre,
minces, flexibles, unies seulement par des membranes extensibles; la tête*
soit par les efforts de l’expulsion, soit par la pression, peut s’allonger de l’occiput
au menton, en même temps qu’elle s’applatit d’un pariétal à l’autre; et
l’on a vu le diamètre pariétal réduit à soixante-dix millimètres, deux pouces sept
lignes ». Table synoptique des mesures relatives à t étude et à la pratique des
accouchemens, parle professeurChaussier, 1810.
«Ut idem caput nixihus, ac pelvis renisu, ossiumque bregmalis præcipue
mollitie , mobilitate, eorumque reciproca susceptione, in acumen desinat,
atque, ut in omni pelvis regione opportet fieri, ah una ad aliam plagam in
formam cogatur minorem, abaque extenuetur in majus ». Doctoris Lucæ