
santé; son cervelet étoit également très-peu développé. Dans une autre
salle, au contraire, le même savant me montra une femme tellement
contrefaite, qu’au lieu de marcher elle se trainoit par terre : cette malheureuse
se trouvoit dans une espèce de ravissement, toutes les fois
qu’elle appercevoit un homme. A peine me fus-je approché d’elle,
qu’elle grimpa sur son lit, et m’invita, par les gestes les plus lascifs, à
l’y suivre ; elle jeta même tous ses vêtemens pour me donner l’hospitalité
d’une manière plus cordiale. Ses facultés intellectuelles sont de
beaucoup inférieures à celles des brutes, mais son cervelet est très-
développé ; aussi tous ses mouvemens ne tendent-ils qu’à satisfaire sa
lubricité dans la solitude même. Je pourrois rapporter un très-grand
nombre de cas semblables, qui tous confirment mon opinion; mais je
me contenterai d’en rapporter encore quelques-uns, moins pour appuyer
ma doctrine, que pour offrir au lecteur une observation morale.
Nous vîmes, à Munich, un garçon de quinze ans, qui dès sa septième
année, avoit voulu abuser de sa soeur, et avait manqué de l’étrangler
par ce qu’elle opposoit delà résistance à ses désirs. Son idiotisme n’étoit
pas des plus complets; il parloit un peu, reconnoissoit les personnes,
et trouvoit, comme un chien, du plaisir à regarder les passans par une
fenêtre. Son cervelet étoit extrêmement développé, aussi falloit-il soigneusement
tenir éloignées de lui les femmes et les filles. A Paris,
M. Savary, alors ministre de la police, et M. de Bourienne m’amenèrent
un garçon âgé d’à-peu-près seize ans, qui ne vouloit absolument
rien apprendre, et dont la société devenoit très-pernicieuse à ses condisciples
, non-seulement à raison de son défaut de susceptibilité pour
l’instruction , mais encore à raison de ses goûts antiphysiques. Je rendis
ces messieurs attentifs au développement très-peu considérable de son
front, qui expliquoit l’invincible indifférence qu’il témoignoit pour
toute instruction ; je leur fis remarquer en même temps ses bosses
occipitales très-proéminentes, sa nuque large et robuste qui rendoient
raison de ses désirs effrénés. L’idiotisme de ce sujet étoit moins complet
encore que celui du jeune homme de Munich , dont j’ai parlé tout-à-
l’heure; ceci me conduit à faire encore une autre observation.
Dans plusieurs hospices pour les aliénés, et dans quelques maisons
de correction, j’ai rencontré des sujets que l’on prétendoit être devenus
aliénés par suite d’émissions excessivement fréquentes de la
liqueur séminale, ou que l’on vouloit punir de s’être livrés à l'onanisme.
Je suis bien loin de nier 1 influence pernicieuse que l’onanisme exerce
sur la manifestation des facultés intellectuelles, et plusieurs passages de
mes écrits le prouvent suffisamment. Mais dans les cas qui nous occupent
ici, il y a autre chose à considérer. La nature avoit traité en marâtre,
sous le rapport des facultés supérieures, tous les sujets semblables que
j ai eu occasion d observer. Chez eux, la partie antérieure du crâne étoit
étroite et peu elevee, ou bien ils étoient plus ou moins hydrocéphales.
Les parties postérieures du crâne, au contraire, leur nuque , leur cervelet,
avoient acquis un degré de développement qui n’étoit dans aucune
proportion avec celui des parties cérébrales affectées aux facultés
intellectuelles supérieures. L ’homme ainsi organisé se trouve dans le cas
de tout animal lascif; cest un singe en chaleur. L’organe de l’instinct
de la propagation le domine impérieusement, parce qu’aucun autre
organe ne peut balancer 1 activité du premier. Bien de ce que nous appelons
décence, moeurs, religion, ne peut agir sur un tel individu;
les punitions ne sauroient l’effrayer; rien ,ne sauroit engager à se contraindre,
un être ravale au-dessous de la brute, et qui n’a pas de volonté.
L’observateur philosophe reconnoît ici que la foiblesse de l’entendement
est la cause de l’abandon à une sensualité brutale, tandis
que, dans son erreur, le vulgaire regarde la foiblesse de l’entendement,
comme une suite de l’abandon à la sensualité.
L’instinct de la propagation survit à la destruction
des parties génitales -, et subsiste dans ïabsence de ces
parties.
Une femme mariée qui mourut d’un cancer à la matrice , s’étoit pros-
tiuée pendant la durée de sa longue maladie. Peu avant sa mort, elle