
lateur, sans que ni lui-même ni les autres s’en soient doutés. La même
chose a lieu dans les écoles et dans les familles; partout on reconnoîtra
le dédain, la suffisance, la présomption, le caractère altier etsuperbe ,
à côté de la modestie, de l'humilité, de la soumission, ou même de
la bassesse.
Dans les institutions civiles et militaires, on ne voit partout que clief
et subordonnés; successivement, le pouvoir se concentrant davantage
finit par être , degré ou de force, le partage d’un seul. Voilà çe qui
arrive dans tous les gouvernemens, quelle que soit leur forme, et dans
toutes les associations. Même dans la république, il y a toujours un
seul homme dont émane l’opinion. Ceux qui se révoltent contre la
monarchie, n’y sont portés que par l’envie et la jalousie, étant poussés
par la passion de dominer.
Ceux même qui foulent aux pieds tout ordre social, les hordes de
voleurs, les bandes de brigands, témoignent en faveur de la loi établie
par la nature. Celui en qui le penchant de dominer est le plus impérieux,
se met à la tête, et ses complices le reconnoissent pour leur
capitaine et leur maître.
Que ceux qui sont encore tentés de prendre la fierté ou l’orgueil
, l’amour de l’indépendance pour une qualité acquise, se
transportent chez les sauvages et les barbares ! Tous ont le sentiment
de leur égalité, et sont ardens à en maintenir les droits.
Lors même qu’ils suivent un chef en campagne , ils ne souffri-
roient point qu’il prétendît à un commandement formel : ils ne sont
point asservis à ses ordres; ils marchent, non en conséquence d’un engagement
militaire , mais sur la foi mutuelle , et conduits par une égale
ardeur pour le succès de l’entreprise. Chez les Iroquois et les autres
nations de la zône tempérée, les titres.de magistrat et de sujet,.de noble
et de plébéien, sont aussi peu connus que ceux de riche et de pauvre.
Les Caraïbes, même après avoir choisi un chef militaire, se
gardent bien de lui conférer aucune autorité civile. Leur capitaine
ne s’ingère nullement à décider dans les disputes domestiques;
le termes de jurisdiction et de gouvernement n’existent point dans
leur langue. Au milieu du pillage même, la gloire est leur principal
objet; les dépouilles des vaincus n’offrent à leurs yeux que le
gage de la victoire. Les nations, les tribus, sont leur proie : mais le
voyageur solitaire , avec qui il n’y a rien à gagner, si ce n’est la réputation
de générosité, ils le laissent passer sans insulte, ou le traitent
avec somptuosité.
Les nations grossières d’Occident préféroient dans leurs guerres la
mort à la captivité. Plus d’une fois les armées victorieuses des Romains
en entrant dans une ville prise d’assaut, ou dans des retrancbemens
forcés , trouvèrent la mère égorgeant ses enfans, dans la vue de les
dérober aux mains de l’ennemi ; et le père, armé du poignard teint
du sang de sa famille, prêt à le plonger dans son propre sein.
Le principal point d’honneur des nations septentrionales d’Amérique
est le courage. C’est même ce point d ’honneur, la fierté, qui anime également
les prisonniers à souffrir les tortures les plus douloureuses, et ceux
qui les font souffrir. Ils exercent plus de cruauté envers ceux qu’ils veulent
traiteravec plus déconsidération ,pourleur donner occasion de déployer
toute.l’énergie de leur courage. Aux lâches, ils font donner une
prompte mort par la main des femmes. Ils dédaignent toute occupation
mercenaire et vile à leurs yeux, toute entreprise qui ne leur offre
point des dangers à affronter, et de la gloire à acquérir.
Ainsi tout concourt à prouver que l'orgueil, la hauteur, l’amour de
l’autorité sont innés à l’homme, et que par conséquent ce penchant est
fondé sur un organe particulier. Les phénomènes que présente l’état
de maladie, nous convaincront encore davantage de cette vérité.
Orgueil, fiertéi hauteur, amour de l’autorité dans l’état
de maladie.
Conformément aux principes que j ’ai déjà énoncés plus d’une fois,
on peut inférer de ce que dans l’état de maladie une qualité est portée
à. un plus haut degré d’activité que les autres, que c’est une qualité