« Tel un an on broute l’herbe naissante ,
Malgré les cris du maître et des servantes 1 ».
Je me. contente de faire remarquer ici qu’il est absolument faux de
dire que les animaux o n t, en général, le cervelet plus grand que
l’homme. Le boeuf, le cheval, l’âne, le cochon , et une infinité d’autres,
l’ont manifestement bien plus petit. Il n’y a que l’éléphant et les grands
mammifères aquatiques qui l’aient plus grand.
Influence de la castration unilatérale sur le cervelet.
De tous les faits qui prouvent que le cervelet est l’organe de l’amour
physique, l’elïet produit par l’ablation d’iin seul testicule est, sans
contredit, le plus péremptoire.
Toutes les fois qu’on a enlevé un seul Jesticule à un animal, de quelque
espèce qu’il soit, le lobe du cervelet, du côté opposé, s’atrophie
visiblement, ou est altéré dans sa substance , d’une manière quelconque.
M. Dannecy m’a communiqué le fait suivant, qu’il a observé lui-
même à l ’hospice de l’Ecole de Médecine, en présence de M. Patrix,
chirurgien en second de l’établissement, et de plusieurs élèves : il est
consigné sous le n°. 108, ( 15 juillet 1817), dans le cahier d’annotations
Pathologiques de l’hospice. Dans l’autopsie de Jean-Michel Brigaud,
mort le j4 juillet 1817, après avoir été opéré d’un sarcocèle, du
côté droit, le 3o décembre 1815, on remarqua ce qui suit ; Le
cerveau et le cervelet étoient couverts d’une couche légère, d’une
substance blanche albumineuse transparente. Le lobe gauche du
cervelet étoit beaucoup plus mou et plus flasque que le lobe droit.
Ses circonvolutions, ou plis, paroissoient aussi plus affaissés du
même côté. Chacun de ces lobes ayant été ouvert exactement à
six lignes de la partie latérale correspondante à la moelle allongée,
on a été surpris de voir combien la proportion de la matière blanche et
■ Des erreurs populaires relatives à la jnédecine, seconde édition , p. 265,
D U C E R V E A U . n 3
de la matière grise étoit supérieure dans le lobe droit : la différence,
en plus, a été estimée à plus d’un tiers; aussi le développement intérieur
du crâne correspondoit à cette différence.
M. le baron Larrey m’envoya un soldat qui, dans l’opération d’une
hernie, avoit perdu le testicule droit. Plusieurs années après, son oeil
droit s’affoiblit, il commença à loucher de l’oeil malade, et ne pouvoit
presque plus distinguer les objets de Cet oeil. J’examinai sa nuque en
présence des deux médecins qui me l’avoient amené, et j’y trouvai la
bosse occipitale, du côté gauche, beaucoup moins saillante que celle
du côté droit; la différence étoit tellement sensible, que les deux médecins
en furent frappés au premier coup-d’oeil.
J’ai fait châtrer, unilatéralement, plusieurs lapins, les uns du côté
droit, les autres du côté gauche. Les ayant fait tuer six à huit mois après,
j’ai trouvé, sans exception, le lobe du cervelet, du côté opposé à celui
où la castration avoit été opérée, plus petit, et la bosse occipitale plus
aplatie que l’autre.
Je connois, il est vrai, un homme qui a perdu un testicule, il y a
quatre ans; et à l’heure qu’il est, on ne remarque aucune différence
entre ses bosses occipitales; mais ce fait ne prouve rien contre ce que
j’ai avancé plus haut, car le changement peut exister dans l’intérieur,
sans être, jusqu’ici, devenu sensible au dehors.
Influence de la lésion des parties sexuelles sur
le cervelet.
Depuis long-temps, les chasseurs ont observé que les lésions des
testicules ont, chez les chevreuils et les cerfs, une influence remarquable
sur le bois. L’animal ne le jette plus, et il se déforme de différentes
manières ; il y naît des excroissances fongueuses, ou en choux-
fleur. Nous vîmes, à Marbourg, une collection considérable de bois
ainsi déformés. Tout le monde connoît la différence des cornes des
boeufs, avec celles des taureaux.
D après quelles lpis ces phénomènes ont-ils lieu? C’est-là une
III, l 5