
animal succomba malgré sa vigoureuse résistance. J’ai vu souvent un
bouc abi’mer plusieurs chiens à coups de cornes et des chèvres même se
défendre en héros contre des chiens. Tout le monde connoît le courage
du chamois et du bouquetin dont le chasseur devient souvent la
victime. Qui ne connoît la hardiesse de l’écureuil, ainsi que la méchanceté
et le courage du rat! Si les animaux de proie, armés comme ils le
sont, de griffes et de dents, étoient doués encore d’un courage téméraire,
rien ne pourroit leur résister. Mais il n’y a que la faim qui puisse
leur faire risquer quelque coup hardi.
Ces observations prouvent que l ’instinct de la propre défense est un
instinct commun à tous les animaux; mais il n’est pas egalement actif
dans toutes les espèces. Certaines espèces vivent en paix et en société;
d’autres, au contraire, non contentes de repousser les attaques,
sont dans une guerre éternelle avec leur propre espèce, et avec les
autres. Delà, nette différence des moeurs de la brebis, du cheval, du
pigeon , etc. ; et du morse, du coq, de la pintade, de la plupart des gobe-
mouches, tels que le rouge-gorge, le roitelet, etc.Plusieurs espèces d oiseaux
sont même munies d’armes particulières , tels que éperons, etc.
Les individus de toutes les espèces diffèrent entre eux relativement
au courage, selon que l’organe de la défense de soi-même et de sa propriété
est plus ou moins développé chez eux. 11 y a de gros et de petits
chiens qui évitent tous les combats; il y en a d’autres qui ne demandent
qu’à se battre,et qui attaquent avec audace le sanglierécumant de rage,'
et le taureau furieux. 11 y a des béliers, des boucs, des taureaux, des
vaches, des pigeons, des serins jaunes, qui se battent continuellement,
soit avec des animaux de leur espèce, soit avec d’autres, qui attaquent
et qui mordent tout ce qu’ils rencontrent,
Certains oiseaux carnassiers, tels que le pigargue, le busard, la eres-
serelle, toutes les variétés des pies-griéches, l’écorcheur, le combattant,
le goélan très-brun, 6ont courageux et très-querelleurs. Le grand
milan , au contraire, est tellement timide, qu’il prend la fuite lorsqu’il
se voit aux prises avec quelques corbeaux, ou meme avec quelques corneilles.
Le corbeau est extrêmement courageux. Parmi les petits rongeurs,
il n’y en a pas qui égale' le hamster pour le courage , et même pour la
témérité, tandis que le cochon-dinde, de même taille, est très-pacifique.
Ce n’est point à l’éducation que l’on pourra attribuer une telle
différence de moeurs. 11 ne reste, pour l’expliquer, qu’une disposition
innée, et par conséquent l’organisation. Personne ne soutiendra, que
c’est l’ambition, la cupidité ou la crainte des ehâtimens qui inspirent
du courage aux animaux, et les poussent à se battre. Lé premier garçon
du combat deVienne dont j'ai déjà parlé et lesgarçonsdu combat de
Paris, m’ont assuré souvent, qu’il leur est impossible de dresser, pour le
combat, un chien originairement poltron, par exemple : le dogue de forte
race.Il arrive bien, à la vérité, qu’un jeune chien inexpérimenté, semblable
à un conscrit, témoigne d’abord de la crainte, mais à peine est-il familiarisé
avec le danger, qrft c’est un chien de combat tout formé. J'ai un
chien danois qui, excepté moi, et une petite chienne qui est toujours avec
lui, reçoit en grognant tout ce qui l’approche, et se jette avec colère sur
tout le monde; il a ce travers depuis sa jeunesse, et ni les caresses ni les
menaces n’ont pu l’eu corriger. Ce chien n’a jamais manifesté le moindre
instinct pour la chasse; des oiseaux et des souris peuvent courir autour de
lui, sans qu’il fasse seulement attention à eux. Un chien caniche très-aimé
de son maître" qui lui donnoit une nourriture abondante, cherehoit partout
dans les rues l’occasion de se battre; tous les jours il rentroit avec des
blessures nouvelles. On essaya de le renfermer pendant des semaines
entières; du moment où on lui rendoit la liberté , il se jetoit sur le
premier chien venu, et se battoit jusqu a ce qu’il l’eût terrassé, ou que
lui-nfêmg fût hors de combat. Dans ma volière, un roitelet traitoit en
maître tous les autres oiseaux, tous le craignoient, même le verdier, le
pivoine et les tourterelles; il les attaquoit avec une rapidité étonnante,
et se battoit avec le courage le plus opiniâtre. Un lapin blanc étoit en
possession, depuis des années, de défendre seul tout le peuple contre
les chats : il étoit constamment en faction; et dès qu’un chat approchoit
il sautoit sur lui en frappant la terre de ses pattes avec violence. Dans les
basses-cours, il se trouve toujours un coq plus vaillant et plus que-
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