
dûment des oeufs et des larves des femmelles. Qui ne connoît des
exemples de femmes extrêmement voluptueuses qui sont de très-mauvaises
mères1?
La même femme dont j’ai parlé plus haut, qui n’a jamais ressenti
aucun plaisir dans les bras de son mari, et dont les sens ne sont
pas plus émus par un homme que par une femme, a mis au monde
douze enfans, quelle aime tous tendrement. Ne voit-on pas tous les
jours des femmes dédaigner le commerce des hommes, et prodiguer
l’amour le plus tendre à des enfans qui leur sont étrangers?
On est donc forcé d’admettre que l’amour de la progéniture est absolument
différent de l’instinct de la propagation.
Si un naturaliste avoit fait seulement quelques-unes dés observations
que j’ai rapportées à l’occasion de l’amour de la progéniture, il n’auroit
pu manquer de soupçonner que cet instinct doit dépendre d’un organe
particulier. Mais il est bien rare que l’homme parvienne à la découverte
de quelque vérité par la seule réflexion : il faut, pour en découvrir, que
la raison soit guidée par des faits. Moi-même je n’ai fait toutes ces observations,
qu’après que mes recherches sur les animaux m’eurent convaincu
de l’existence de l’organe de l’amour de la progéniture, et
que j’en eus découvert le siège. Je vais compléter maintenant la preuve
que l’instinct de l’amour de la progéniture est une qualité fondamentale.
De Vamour de la progéniture et des effets de son plus ou
moins de développement, continuation.
Chez lhomme.
J’ai dit qu’en comparant les différentes formes de crânes, j’avois
trouvé que la partie supérieure de l’occipital recule beaucoup plus dans
■ 1 Voyez la première partie du deuxième volume.
les têtes de femmes que dans celles d'hommes, et j’ai renvoyé le lecteur
aux PI. LVI, PI. XXX et PI. XXXIX.
J’ai montré, dans la section I de ce volume , ( de l’influence du cerveau
sur la forme du crâne J , qu’il n’y a que celles des proéminences
de la boîte osseuse formées par l ’encéphale, qui aient une signification
dans la craniologie.
Que le lecteur compare donc les cerveaux des deux sexes que nous
avons fait graver dans le premier volume, et il se .convaincra que la
différence de forme du crâne de l’homme et de la femme, dépend réellement
de la différence de forme de leur encéphale. Ces cerveaux
n ont point ete choisis à dessein ; tous ont été pris absolument au
hasard.
Les PI. V , PI. VI, PI. VIII, PL IX, PI. XI, PI. XII représentent des
cerveaux d’hommes; les PI. IV, PL X , PL XIII, des cerveaux de
femmes. On voit distinctement que dans ces derniers , les parties cérébrales
I I , épanouissement définitif, ou partie extérieurement apparente
de 1 organe de l’amour de la progéniture , sont bien plus développées,
et débordent bien davantage le cervelet, que dans les premiers; or, c’est
de ce plus grand développement, que résulte la proéminence du crâne.
Cette différence de forme du crâne dans les deux sexes est sensible dès
l’enfance. Le crâne représenté PL XXXVII est d’un garçon de douze
ans; celui représenté Pl. XXXVIII d’une fille de six ans.
Quelquefois ces deux parties des lobes postérieurs s’écartent considérablement
l’une de l’autre; dans ce cas, elles donnent lieu à
une double proéminence de l’occipital; c’est-à-dire qu’il y a alors une
proéminence de chaque côté, et qu’entre les deux se trouve un enfoncement
en forme de gouttière. Le plus ordinairement, ces deux lobes
sont rapprochés, et la proéminence du crâne se prononce en une saillie
bombée unique.
J’ai déjà réfuté, dans le second volume, l’opinion de ceux qui pensent
que les lobes postérieurs sont les organes des facultés les plus éminentes
de l’homme, pour la raison que, selon quelques naturalistes, ces lobes
manquent dans les brutes. Le fait est que dans la plupart des animaux ces
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