
disposition d’esprit favorable, je fus frappé, tout en faisant ma leçon, de
I amour extrême que ees animaux ont pour leurs petits. Impatient de comparer
à 1 instant tous les crânes d’animaux mâles de ma collection, à
tous ceux d animaux femelles, je priai mes auditeurs de s’éloigner, et je
trouvai, en effet, qu’il existe entre le mâle et la femelle de tous les animaux,
la meme différence qui existe entre l’homme et la femme. Acela se
joint encore que 1 organe qui nous occupe, est placé tout près de celui
de l’instinct de la propagation ; que pouvoit-il y avoir de plus conforme
à l’ordre de la nature?
? -Avant d’exposer les preuves en faveur de l’existence de l ’organe de
l ’amour de la progéniture, je donnerai un abrégé de l’histoire de cet
instinct chez les animaux; cet aperçu suffira pour convaincre mes lecteurs
qu il faut le considérer comme un véritable instinct fondamental,
comme une qualité propre.
Histoire naturelle de l amour de la progéniture.
La plupart des insectes, des poissons et des amphibies tâchant de
garantir leurs oeufs des accidens extérieurs, les pondent dans un endroit
qui facilite la sortie des petits, et où ils trouvent de la nourriture. Leur
sollicitude pour leur postérité ne s’étend pas au-delà.
Chez quelques-unes des espèces de ces animaux, les soins qu’ils prennent
de leurs petits sont déjà plus variés. Certaines espèces d’araignées
portent leurs oeufs sur le dos, dans une petite poche qu’elles ne laissent
tomber que dans les dangers les plus pressans, et dont elles se hâtent
de se charger de nouveau, dès que le péril est passé. Tous ceux qui une
fois en leur rie ont détruit une fourmilière, auront vu avee quelle ardeur
les fourmis ramassent leurs oeufs et leurs larves pour mettre en
sûreté les uns et les autres. Les guêpes et les abeilles, qui dans tout autre
temps se laissent observer sans témoigner de colère, deviennent redoutables
à tout cequi les approche à l’époque où elles ont des petits. Qui ne
sait avec quelle infatigable activité elles nourrissent ces petits, avec quel
courage ell.es les défendent, avec.quel empressement elles les lèchent
et les caressent dès le moment où ils sortent des cellules?
Nous retrouvons dans les oiseaux cette touchante sollicitude pour les
petits. Plus ils ont été avertis par une triste expérience, combien de dangers
menacent leur couvée, plus ils mettent de soins à construire des nids
solides, à les cacher et à les garder. Lorsqu’après avoir été couvés avec persévérance,
les petits ont enfin vu le jour, les vieux les nourrissent
avec une tendresse extrême ; leur amour vigilant sait prévoir tous
les accidens dont ils pourroieDt devenir les victimes, les en avertir à
l’instant, les engagera rester tranquilles, et à se cacher ou les conduire en
diligence dans un lieu sûr. Lorsque le père et la mère s’apperçoivent que
leur couvée est menacée, quelle inquiétude, quelles allarmes ils témoignent,
quelles ruses ils mettent en oeuvre pour tromper l’oiseau de proie,
leserpent, la belette ou l ’homme ! et lorsqu’on réussit à leurenlever leurs
petits, quels cris douloureux, quelle opiniâtre résistance! Quelquefois,
en poussant des accens plaintifs, ils suivent, à des distances considérables,
le ravisseur, jusqu’au lieu où il les dépose, lieu qu’ils ne quittent
que lorsque tout espoir est perdu pour eux de les recouvrer ; la faim
même ne sauroit les contraindre à les quitter au moment du danger;
souvent après des temps froids et humides long-temps continués, on
trouve les vieux morts sur leurs petits qui ont péri de froid.
Chez les mammifères aussi, l’amour de la progéniture est le plus
actif et le plus impérieux de tous les instincts. La mère épie avec sollicitude
et avec anxiété tout ce qui pourroit devenir nuisible à ses petits.
Dès que le renard, le chat, l’écureuil, etc., ont le moindre indice que leur
gîte est découvert, ils 1’abandcmnent à l’instant, et vont cacher leurs petits
dans une autre retraite. Des animaux de proie, quelque farouches qu’ils
fussent auparavant, etavec quelque discrète prudence qu’ilsfnéiïageassent
le voisinage, deviennent téméraires dès qu’ils ont des petits à nourrir;
nul danger ne les arrête; ils pénètrent sans ménagement dans les jardins,
dans les basses-cours, dans les poulaillers, dans les colombiers, etc.
Lorsque toutes les gueules d’un terrier sont garnies de pièges, les renards,
dans le cas où ils n’ont pas de petits , s’y tiennent renfermés
pendant quinze jours, jusqu’à ce qu’il ne leur reste plus que l’alternative
de mourir de faim, ou de tomber dans le piège. Mais lorsqu’ils