
que pendant l’été et l’hiver, et qui se dispersent au printemps, saison
des amours. Il y en a beaucoup qui vivent en troupeaux formés de
couples; dans d’autres espèces encore un mâle vit entouré de plusieurs
femelles.Toutes ces sociétés différemment modifiées sont autant d’institutions
de la nature.
Selon toute vraisemblance, la sociabilité rentre dans la sphère
d’action de l’organe de l’attachement, et les diverses modifications de
la société tiennent à autant de modifications de cet organe. Mais il
m’a toujours paru très - difficile de déduire de la même source, le
mariage et la sociabilité. S i, par exemple, l’amour de la progéniture
étoit la cause de la sociabilité,pourquoi la cicogne,le chevreuil,
le renard, ne vivent-ils pas en société comme la brebis et l’homme?
■ Beaucoup d’animaux vivent en société sans se réunir en couples pour
la vie, tels sont le taureau, le chien, le cerf, le coq ; d’autres vivent à
la fois en couples et en troupeaux comme la corneille et le moineau;
d’autres sont unis en couples pour la vie sans vivre en société, comme
la pie, le renard, la martre, le rossignol, Le coq de bruyère et le merle
d’eau vivent isolés sans femelle, La perdrix rouge mâle se sépare de sa
femelle après l’accouplement, quoique cette variété vive en troupeaux.
L ’alouette hupée vit solitaire; l’alouette commune en troupeaux, au moins
pendant l’automne et pendant l’hiver. Le roitelet [troglodyte d'Europe},
la mésange des marais, la penduline,le rémis viventisolés, La mésange
charbonnière [grosse mésange), la mésange bleue, la mésange à longue
queue,lamésangebarbue,le jaseur,le roitelet [rnotacillaregulus),vivent
en troupeaux. Le blaireau vit isolé même de sa femelle. Peut-on encore
ici avoir recours à une simple modification de l’organe de l’attachement?
Il en coûte sans contredit de convenir tant de fois de son ignorance;
mais il est prudent d’attendre que le temps nous éclaire.
J’ai comparé les crânes de la plupart d«s animaux cités ci-dessus,
ainsi que ceux de plusieurs autres, dont les moeurs sont très-différentes
sous le rapport de la sociabilité, ou de la vie solitaire. J’ai comparé par
exemple , le grand corbeau noir, [solitaire) ayec les corneilles et le
petit corbeau ; le cboucas vivant en troupeaux, avec la pie , qui ne vit
en société qu’avec sa famille. Je ne puis pas affirmer que cet examen
m’ait mis à même de distinguer, par l’inspection du crâne, les animaux
vivant en société, d’avec ceux qui vivent solitaires : malgré cela, il me
paroit très-probable que le penchant à vivre en société rentre dans la
sphère d’activité de l’organe de l’attachement.
Certaines personnes sentent un besoin particulier d’avoir des amis;
elles-mêmes se livrent tout entières à l’amitié. Tout ce qui les environne
acquiert successivement plus de prix à leurs yeux. Elles deviennent les
amis de leur demeure, de leurs vétemens. C’est un tourment pour elles
de quitter ceux qu’elles avoient l’habitude de voir. Qui ne connoît la
maladie du pays si pénible et même si meurtrière? Concevroit-on, sans
le penchant de l’attachement, que des hommes transplantés des climats
les plus sauvages sous le plus beau ciel, et au milieu de toutes les jouissances,
se sentent consumer du désir de revoir leurs montagnes de
glace, et de s’abreuver encore d’huile de poisson? D’autres semblent
isolés au milieu de la foule et des objets les plus divers; rien ne les
attache, ils changent avec indifférence de société, de demeure, de
séjour; d’autres individus, chezlesquels cet organe n’a que le minimum,
de son développement, prennent en haine tous les hommes, et tels
que les Timon et les Apomante, se livrent à la plus affreuse misantropie.
Du siège et de l’apparence extérieure de l’organe de
l’attachement.
Ce sout les circonvolutions du cerveau marquées, ni, PI. VIII,PI.IX,
PI. X , qui constituent cet organe; elles sont placées, d’ordinaire, entre
l’organe de l ’amour de la progéniture, et celui de la défense de soi-
même et de sa propriété; ou bien, à droite et à gauche, et en dehors de
l’organe de l’amour de la progéniture. Lorsque l ’organe de l’instinct
de la propagation est fortement développé dans sa partie supérieure,
l’organe de l’attachement se trouve placé un peu plus haut que celui
de l’amour de la progéniture.
Dans le crâne, il est placé au milieu du bord postérieur du pariétal,