
P H Y S I O L O G I E
nuances les plus minutieuses qui peuvent exister dans les circonvolutions
, ainsi que les différences de détail qui peuvent en résulter daus
l’exercice des fonctions cérébrales. Mais je me suis tout au contraire empressé
de rendre mes auditeurs et mes lecteurs attentifs à toutes les
circonstances en question. Qui est-ce qui a parlé des sinus du front,
tant chez l’homme que chez les animaux, par exemple chez l’éléphant
et le cochon, de l ’écartement des deux lames crâniennes , chez les hiboux
ou plutôt chez les oiseaux de nuit, en général, des causes des différentes
formes des orbites, si ce n’est moi? J’ai insisté sur tous ces points
dans mes leçons publiques; mes élèves y ont insisté dans les écrits qu’ils
ont publiés sur ma doctrine ; j'y ai insisté dans mon article Crâne' ; j’ai
été le premier à soutenir qu’il nous est impossible de déterminer avec
exactitude le développement de certaines circonvolutions par l’inspection
de la surface externe du crâne. J’ai, le premier, traité en détail des
variations de l’épaisseur du crâne qui surviennent dans la vieillesse,
la manie, etc. Le premier, j’ai fait remarquer avec un soin extrême, que
dans certains cas la lame externe du crâne n’est point parallèle à sa
lame interne. C’est moi qui ai appelé l ’attention des anatomistes sur
toutes ces circonstances. Qu’est-ce donc qui pousse MM. Bérard et de
Montègre à s’en forger des armes contre la craniologie ? Pourquoi n’ont-
ils pas la franchise d’instruire leurs lecteurs de la manière dont j’écarte
plusieurs de ces difficultés, et dont je tire parti de quelques autres? Ne
devroient-ils pas me savoir gré de ce que je poursuis mes recherches
avec autant de candeur que de sang-froid; de ce que j’envisage avec
impartialité, sous toutes ses faces, l ’objet qui m’occupe? Il n’y a que
l ’erreur ou la mauvaise foi qui se complaisent dans de faux points de
vue.
MM. Bérard et de Montègre continuent ainsi : « 6°. Les artères, les
veines, et surtout les siuus forment, entre le crâne et le cerveau, une
sorte de couche assez considérable pour les séparer l’un de l’autre , et
empêcher qu’ils ne se moulent réciproquement, du moins "dans les
■ Dictionnaire des Sciences me'dicales, T. VII, p. 260 — 266.
derniers détails d’organisation. Ce sont ces vaisseaux qui déterminent
les sillons et toutes les impressions qui marquent la face interne du
crâne , et qu’on avoit eu tort de rapporter aux circonvolutions cérébrales
, puisqu’un examen plus attentif a montré que les unes ne repon-
doient pas aux autres. Ainsi, la face externe du crâne ne représente
pas l’interne dans ses détails, et celle-ci ne représente pas le cerveau,
en prenant toujours la chose dans un senS rigoureux. La couche vasculaire
, interposée entre le cerveau et le crâne, tendroit au contraire à
agir sur les deux parties en sens inverse ; de telle sorte qu’une élévation
du crâne répondroit à un sillon dans le cerveau, si la face externe de
l ’enveloppe osseuse suivoit l’interne avec plus de précision 1 ».
Jusqu’ici, je ne connois pas un seul anatomiste qui ait confondu
les impressions des vaisseaux sanguins sur la face interne du crâne, avec
l’empreinte des circonvolutions même. Les impressions des grands
sinus, par exemple derrière le rocher, à la partie supérieure du procès
falciforme, etc., n’ont jamais été donnés par personne pour des empreintes
de circonvolutions.
Blais d’un autre côté, il n’a jamais existé d’anatomiste ou de physiologiste
qui n’ait reconnu les soi-disant impressions digitales dans la
face supérieure du plancher orbitaire, ainsi que celles dans la partie inférieure
antérieure du frontal, celles dans les temporaux, etc., pour
de véritables empreintes des circonvolutions. Plusieurs fois déjà j’ai été
tenté de croire que MM. Bérard et de Blontègre n’ont jamais eu un
crâne ou un cerveau entre les mains.
« 70. Quand, après avoir enlevé le crâne, on examine le cerveau revêtu
de ses membranes, on voit que la surface en est lisse et unie, la dure-
mère ne suivant pas les sinuosités des circonvolutions cérébrales; autre
preuve que le crâne ne reçoit pas l’impression du cerveau dans toutes
ses parties; il est en effet incontestable que le crâne ne suit pas le cerveau
dans ces sinuosités si profondes, qu’on ne découvre que quand on
’ Dictionnaire des Sciences médicales, art. Cranioscopie, T. VII, p. 3oi
et 3o2.