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à un moindre degré, pontiqnes. On sait d’aillenrs (junne séiiaration nette de ces
deux groupes d’éléments est iiarfois difficile. Il est incontestable qne iilnsieurs des
hautes vallées du Dauphiné (Qneyras, Briançonnais) et delà Savoie méridionale (Manrienne,
Tarentaise) ont reçu des enrichissements notables d’éléments venus du Piémont par
les cols de la chaîne frontière (voy. p. 148 et 149). La pénétration de ces éléments,
surtout lorsqu’il s’agissait de jtlantes des régions inférieures, a été sans doute grandement
facilitée par la période xérothermiqne. Les colonies xérothermiipies si nomhreuses
qui font la richesse du Valais proviennent pres(]ue toutes du Piémont, jiar les cols
de la chaîne méridionale, point snr lequel nous avons insisté déjà on 1890 (voy. plus
haut p. 151 et 152). Les rajiports (pii existent entre les éléments xérothermiques de la
vallée d’Aoste et du Piémont sont même si étroits qu’ils sc manifestent par l’identité
de plusieurs races locales (Cent anr ea val lesiaca, Lactuca au gu s tan a etc.).
L’influence de la période xérotlierinique sur la distribution de détail des
éléments méridionaux des flores alpines mériterait une attention spéciale. Nous avons
indiqué ailleurs ') quelques déplacements (pii peuvent lui être attribués dans les Alpes
de la Savoie, mais il reste dans ce domaine encore beaucoup de recherches à effectuer:
qu’il nous suffise ici d’indiipier aux floristes cette ligne de recherches.
Au point de vue climatologique, l’analyse des colonies xérothermiipies, iiour
autant qu elle a été faite, donnerait des résultats très variables suivant les iioints et
la nature des colonies considérées. Pour le bassin dn Léman, nous étions arrivé à
estimer iiendant la période .xérothermiqne la moyenne annuelle de température à 1 2 °,
la moyenne hivernale à 1°—2° et nue chute d’eau d’env. 70 cm. Mais ce genre
d’évaluation, très aiiproximatif, ne iieut jamais donnei' (pi'une idée très vague aussi
des conditions écologiques dans lesquelles une flore se développe. On s’en fera
probablement une représentation plus adéquate en étendant à rensemlde d’iin bassin
ou d un secteur les caractères spéciaux aux colonies méridionales ou pontiipies caractéristiques
pour la région.
L’ensemble de nos travaux snr la iiériode xérothermiipie a été l’objet récemment
d’un réquisitoire de la part de M. A u g . S c h u l z '). La multitude des points auxquels
il faudrait répondre à cet auteur, et les divergences très nombreuses (pii nous
séparent, rendent une courte réponse fort difficile. En ce (pii concerne la chronologie et
les spéculations arbitraires de M. S c h u l z . nous ne pouvons (jiie renvoyer à la critique
de M. G r a d m a n n que nous aiipronvons sur tous les jioints essentiels"). Un [loiiit
seulement nous arrêtera. L’attribution de rorigine d’une grande partie des colonies
xérothermiques du Valais, et aussi des Alpes Lémaniennes, à des migrations politiques
venues de l’Eiirojie orientale en traversant le plateau suisse, jieiit être iiiialifiée de
pure fantaisie. Il faut ne pas connaître, la topographie du plateau suisse, ni les
flores du Valais et dn Hant-Piémont. et encore moins la porte eisodiale du \ ’alais à
1) H r i i j u e t , Recherches sur la flore du district savoisien etc., ji. 4 9 et 5 0 .
2) A u g . S c h u l z , Üher B r k ^ u e t ’s xerothemiische Période (Ber. der deutscli. hot. Gesellsch ,
XXII, ann. 1904).
3) G r a d m a n n , Über einige Problème der Pllanzeugeograpliie Süddeutschlands (E n g i . e r ' s
Jahrh., XLIV, p. 178—203, ann. 1904).
S' Maurice ])onr soutenir nue thèse pareille. Plnsienrs des tyjies valaisans les plus
caractéristiques manquent d’ailleurs comiilôteinent dans les colonies jtontiques de
l’Allemagne et de l’Autriche (Ranu n c u l u s g r ami n ei i s . Lon i c e r a e t r u s c a , Asjtlio-
del i is al bus, As t r a g a lu s monspe s si il a ni i s , n e l i a n th cm uni s a l i c i f o l i u m ,
Tr ig o n e l l a mon s p e l i a c a etc. etc,). Quant à rattribiition d’une origine ])onti(pie
aux colonies xérothermiijiies montagnardes des Alpes Lémaniennes, elle est en coni])lète
contradiction avec tous les faits connus snr les lisières analogues des Alpes (rAnnecy,
des Bauges, et de la G‘'° Chartreuse (jiii les relient à celles dn Dauphiné. Nous
engageons vivement M. S c h u l z à venir étudier snr jtlace ces diverses colonies, en
Itrocédant de la Provence au lac Léman et en jiassant du Piémont an Valais. Il
renoncerait alors sans doute à une méthode (pi’il a trop souvent suivie jusqu’ici, et
(pii consiste à resondre en cabinet, avec une dociimentation insuffisante, des ])roblèmes
(jui demandent à être abordés sur place, avec une parfaite connaissance de la topographie
et de la flore.
Nous considérons la iiluralité des jiériodes xérothermiques postglaciaires
comme une hypothèse dont l’utilité n’est pas immédiate et dont la preuve serait ini-
jiossible à faire actuellement. Est-ce donc à dire ipi’il n’y ait jias eu de variations
climatérhjues notables dans la jihase silvatiijue (jni a succédé à la jiériode xéro-
therniiijueV Certainement pas. Les alternatives de sécheresse et (riiumidité relatives,
ainsi que des variations dans les moyennes de temjiérature ont dû se produire
à plus d’une reprise et cela jusijne dans les teinjis historiques. Mais, relativement
aux phases glaciaires et interglaciaires, ainsi ijii’à la jiériode xérotlierinique postglaciaire,
elles n’ont en (jiie l’amplitude nécessaires aux localisations, et leur réjiercussion sur la
végétation n'a pas été assez considérable jiour laisser dans la distribution des flores
des traces susceptibles d’une analyse rigoureuse; leur nombre et leur durée serait
d’ailleurs, dans l’état actuel de nos connaissances, imjiossible à supputer.
Si les grands traits de l’iiistoire des flores dans les Alpes occidentales depuis
les temjis glaciaires commencent à se dessiner, il s’en faut encore, et de beaucoup,
(jue l’on jiuisse prévoir le moment où l’édifice sera achevé. Le champ ouvert aux
recherches est vaste, et son défrichement exige la coojiération de beaucoup de travailleurs.
Nous avons essayé d’indiquer quehjiies unes des lignes dans lesijuelles
ces recherches pourront être poursuivies, mais il en surgira sans doute bien d’autres
et de très nouvelles dans la suite. Le rôle du naturaliste dans ce domaine,
comme dans tons les antres, est un rôle modeste. Il doit s’estimer heureux si ses
travaux jienvent servir d’échelon à ses successeurs, et si ses idées — parfois même
ses erreurs — jirovoijuent des études de nature à augmenter notre jiatrimoine de
connaissances. C’est en formant ce voeu jiour le résumé des travaux ci-dessus relatés
(jue nous terminons notre exposé.
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