conséquences de ces faits ont une très grande jiortéq, ils font coinjirendre l’exti‘ême
richesse des Alpes maritimes, (pii renferment non seulement la plus grande partie
des espèces endémiques des Alpes occidentales, mais encore une belle série d’endé-
mismes spéciaux. Un point ti’ès saillant de le phytogéograjihie des Alpes maritimes,
c’est la forte proportion des endérnismes silicicoles localisés. Ailleurs dans les Alpes
occidentales, les silicicoles endémiques sont largement répandus. Les superbes Saxi f
r aga f lo r u l e n t a, Po t e nt i l l a val der ia, Sempe r v ivnm Al l ioni i , Gal i nm
Tendae . Viola val d er i a . Oreoch l oa p e d emo n t a n a etc. sont des silicicoles
pi-ononcés. Plusieurs des ces espèces ont pu résister jiendant les temps glaciaires
sans sortir de du noyau cristallin central; tontes ont pu trouver sur le grès des
chaînes extérieures d’excellentes conditions d’existence.
5. Alpes maritiiues, versant N. — Sur ce versant, la ligne des neiges
persistantes lient être fixée à 1800 mètres pendant la dernière extension glaciaire. Cependant
les glaciers descendaient iilns bas et poussaient leurs moraines pour le Tanaro à
800 m., le val Pesio a 998 m. et la Stiira même à 684 m. A l’extrémité du secteur,
le cirque de Revelli compris entre le Pizzo d’Ormea, le Pizzo di Conollia et la Cima
Revelli portait nu superbe glacier dont nous avons relevé les traces jusque vers
900 mètres d altitude dans la vallée de la Corsaglia, sans avoir atteint les moraines
terminales. Les différences par rapport an versant S. tiennent probablement en partie
a 1 abondance et à l’extension jihis grande des névés nourriciers sur le versant N.
Les Alpes descendent très abruptement sur la plaine. Malgré l’absence d’un véritable
»Alpenvorland«, la surface de refuge n’a pas laissé cpie d’être étendue vu l’altitude
relativement grande des neiges persistantes. Le repeuplement a pu d’ailleurs s’opérer
sur une échelle plus grande qu’ailleurs par les cols à partir du versant S., sans poui-
cela effacer les différences très nettes qui séparent les deux versants. Au total, confirmation
des faits géologiques, le versant N. des Alpes maritimes est notablement plus
pauvre en endérnismes qne le versant S.; il y manque en particulier: Po t ent i l l a
Sax i t r a g a , Aspe rul a hexaphy ll a, Saxi f r aga cocl i lear is etc.
6. Alpes Cottiennes. Ces Alpes présentent de très grandes analogies avec
les versants N. des Alpes maritimes. La ligne des neiges persistantes est descendue
entie 1800 et 1900 mètres. Ici aussi, 1’»Alpenvorland« est peu développé, mais
comme les glaciers n'atteignaient pas la plaine et formaient seulement dans les vallées
principales des langues dont les moraines terminales descendaient de 800 à 600 mètres,
la surface de refuge est restée considérable. Le terrain presqii'iiniformément cristallin
offre des conditions de sous-sol relativement jieu variées. Au total, la flore des
Alpes Cottiennes est, sur le versant oriental de ces dernières, notablement moins
riche (jue sur le versant occidental et que dans les Alpes maritimes.
7. Alpes Grées italiennes. — Ce secteur important était encadré par les
deux grands glaciers de la Doria Riparia et de la Doria Baltea qui tous deux
s étalaient largement dans la plaine piémontaise, le premier poussant ses moraines
jusqu’à Rivoli, le second s’arrondissant entre Turin, Vercelles et Ivrée. La limite
moyenne des neiges persistantes peut être fixée à 1500—1700 m. Malgré l’analogie
dans la disposition orographique qui ce massif présente par rapport au précédent, et
des conditions glaciaires plutôt moins favorables, sa richesse floristique serait plutôt
plus grande (endémisme plus marqué: Ae t h io n ema Thomasiannm). La réimmigration
de la flore alpine refoulée vers l’est a pu s’opérer facilement par les voies
valléculaires des deux Doires. On comprend plus aisément la richesse tloi-istique
relativement grande de ce massif si l’on réfléchit que les glaciers des petites vallées
comprises entre les Doires (les trois Stura, la vallée de Locano, etc.) sont restés confinés
dans les montagnes, laissant ainsi un terrain libre considérable.
8. Alpes pennines, versant S. — Tons les versants de ces alpes qui dominent
la vallée d'Aoste renti'ent dans le bassin d’immigration jirécédent. Il reste donc principalement
à envisager la petite vallée de Biella, et la large voie valléculaire du val
Sesia. L’analogie de la tlore de ces massifs avec les Alpes Grées est très marquée.
Très grandes aussi sont les analogies dans le mode de réimmigration des flores.
La ligne des neiges a oscillé entre 1500 et 1700 m, les moraines terminales à 900
et 800 mètres dans les vallées maîtresses. La flore alpine a pu utiliser comme
retraite les nombreuses chaînes émergées de la bordure et les lisières morainiques.
Moins riches que les Alpes Grées, ces montagnes renferment cependant de nombreux
éléments intéressants (Saxi f raga pe demon t an a , Sap ona r i a l u t e a etc.).
9. Le Valais. — L’histoire phytogéographique du Valais ne commence
qu’après la dernière extension glaciaire. Ce district ne formait en effet à ce moment
là qu’un seul vaste glacier, dont la surface atteignait encore environ 1600 m. à la
sortie du défilé de S' Maurice. On peut donc admettre que la dernière extension
glaciaii'e a fait table rase de toute la végétation antérieure. La voie valléculaire
rhodanienne n’a joué au point de vue du repeuplement du Valais qu’un rôle
insignifiant. S’il n’en avait pas été ainsi, la flore du Valais aurait les plus grandes
analogies avec celle du bassin rhodanien. Or, ce n’est le cas que dans une très
faible proportion. Tontes les affinités de la flore valaisanne sont avec celle de la
vallée d’Aoste et le sud-ouest. M. Ch r i s t avait déjà reconnu ces affinités, mais
sans en donner l’explication'). Antérieurement, P a r l a t o r e '), P e r r i e r et So n g eo n '*),
puis P e r r o u d ' ) avaient posé les jalons qui établissent la continuité de la flore valaisanne
et de la flore des Alpes Grées (piémontaises et savoisiennes) au S. du M' Blanc.
En 1889, dans une série d’explorations faites sur ces mêmes versants S., nous avons
confirmé et étendu ces conclusions. Enfin, l’année suivante, résumant nos études sur
le terrain, nous avons pour la première fois énuméré les voies de l’immigration du
Piémont en Valais et terminé notre exposé par l’énoncé de ce principe: La r i c he s s e
de la f lore va l a i s an ne est dûe p r i n c i pa l emen t à une im mig r a t i o n pas sive
de la f lore a u s t r o -o c c i d en t a l e p en d an t la p é r i ode xé r ot h ermi q ne par les
1) Ch r i s t , L a f lo r e d e la S u is s e e t se s o r ig in e s , p. 401 e t s iü v ., e t ta b l e a u 4.
2) P a r l a t o r e , Viaggio alla catena del Monte Bianco e al Gran San Bernardo, p . 1— 75.
Torino 1850.
3) P e r r i e r et S o n g e o n , Aperçu sur la distribution des espèces végétales dans les Alpes
de Savoie (Bull. soc. bot. France, X, ann. 1863).
41 P e r r o u t », Excursions botaniques dans les Alpes, p . 41—46. Lyon 1881.
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