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Dans les Aljies occidentales, les recherches sur les reliques glaciaires alpines
laissent encoi-e beaucoup à désirer. C'est surtout dans le bassin du Rliône (lu'elles
ont donné jusqu' à iirésent les résultats les plus intéressants. L'étude des cluses du
Jura savoisien (jui barre obbipieinent le bassin du Rhône entre Lyon et Genève nous
a ])erinis tle relever toute une série de ces colonies. Mentionnons en (jnelques unes
à titre d'exemple. A la montagne de Pierre Brune dans la chaîne de Tullins (190 m):
Er in n s al])inus. An défilé du Crossey dans la chaîne du Ratz (500 m): Gen t ian a
angns t i f ol ia.
Prim u l a Aur i -
cula, Hyper ici im
num m ul a ri um,
Carex tennis,
Rhamnu s pn-
mi la, Ai'abis al-
jiina. Dans la
cluse de Pierre-
Châtel au nord de
la même chaîne
(250 m); Prim ul a
Au r idi l a , Er in n s
al j i inus, Arab is
alpina. Au défilé
des Echelles dans
la chaîne du Bour-
get (500 m): Pin-
gui c ul a aliiina,
Hy])er icum num-
mu l a r i u m , Carex
tennis, Gentiana
angnst i fol ia, Pr i mul
a Ai iricula,
Arabi s al j)in a.
An Val (le Fier
dans la chaîne de
Chautagne (700m):
C /ia in o d tiJ u r a
OaooioLCiv
jOnejurax>Lcn/i e
V
'Greiiphle
'Loue d e jA l p o daigjJii
noL>o extérieu re ).
Zione d o Alpe) oepl'etilrL-
onaleà exlerieare)
Fig. 8. Distribution des principales stations de reliques glaciaires
abyssales dans les cliaînes du Jura savosien. — i Montagne de Pierre
Brune (chaîne de T ullins); 2 Gorge du Crossey (chaîne du Ratz); 3 cluse
de Pierre-Cbâtel (chaîne du Ratz); 4 défilé des Eclielles (cliaîne du Boiirget)
5 cluse du Val de Fier (chaîne du Cliantagne) ; 6 cluse de la Caille (chaîne
du Salève) ; 7 cascade d’Aignehelle (cliaine du Salève).
Pel a s i t e s nivea, Pr imu l a aur icula. Dans la cluse des Usses, chaîne du Salève
(500 m): Prim ul a Aur icula. A la cascade d’Aiguebelle, extrémité orientale de la
même chaîne (500 m): Saxit r a g a exarata. Très remarquable aussi est la colonie
de Dr yas oct opetal a, découverte par Dénarié') sur les rochers non loin de Mon-
tagnole près de Chambéry (557 m).
1) SoNGEüX et C h a b e k t , Herborisations aux environs de Chamhéiy, ji. I l (Soc. hist. nat.
de Savoie, ann. 1896). — D'après les auteurs, le D i-y a s végétait encore il y a 40 ans sur les rocliers
qui dominent la ville de Chambéry, localité moins élevée encore que la précédente.
Tandisque ces dernières colonies peuvent être qualifiées d’abyssa le s à cause
de leur situation au niveau ou presque au niveau des plaines environnantes, d’autres sont
des colonies c u lmi n a l e s qui forment sur les sommets des îlots placés bien en dessous
de leurs stations normales. Beaucoup de plantes alpines sont restées sur les plus
hauts sommets jurassiens ou dans les creux à neige des crêtes à l’état de reliipies culminales
(Oxytr opi s mo n t a n a , Si lene qnadri fi d a, Leontopodinm a l pi num,
Po t ent i l l a mi nima , Gnap ha l inm si ipinum etc.). Une station culminale remarquablement
basse est celle du Grand Bois dans la chaîne du Ratz (Jui a savoisien,
900 111) avec le Rhamn i i s piiniila et le Ge n t i a n a angnst i fol ia.
On lient se demander comment ces diverses colonies se sont maintenues dans
des localités très isolées en subissant les vicissitudes de climat sans doute nombreuses
— entre antres celle de la période xérothermiqne — qui sont survenues depuis les
tenqis glaciaires. La réponse à cette (jnestion variera avec chaque espèce en parti-
ciilier. En général, le problème écologicpie est résolu par l’adoption du mode de vie
des plantes vernales. Dans les cluses du Jura savoisien, toutes les plantes alpines
des colonies glaciaires, placées parfois à une distance topographiqne très courte des
colonies xérothermiques'), fleiirissent en Avril ou au commencement de Mai, parfois plus
tôt encore. Elles végètent de préférence sur des parois de rocher, constamment humides
jiendant leur anthèse, où elles n’ont pas à subir une concurrence bien grande de la
part de la végétation environnante. La fructification se fait rapidement et, déjà en
Juin, elles entrent dans une période de repos pres(jne comparable à celle des plantes
venmles bulbeuses, car, en Juillet, les feuilles en sont souvent complètement desséchées.
Les colonies culminales se comportent d'une façon analogue, mais avec une période
de repos plus courte.
On ne saurait d'ailleurs dénier à beaucoup de plantes alpines un pouvoir
d'accomodation considérable à des conditions nouvelles, pour peu que la concurrence
(le la végétation ambiante leur donne le temps de l’ac(iimrir. Bien que la preuve
expérimentale n’en ait pas encore été faite, il y a très probablement formation de
races biologiques comparables à celles que présente, par exemple, le blé cultive sous
diverses latitudes.
' A ce point de vue, les Alpes maritimes forment un riche champ d’étude. La
fioriile culminale du M‘ Férion (1412 m) présente les Gent i a n a acaulis^ et P e d i cul
a r i s gyr of lexa tout près du Que r c u s I lex biiissonnant et à moins de 500 mètres
au dessus des oliviers de Coaraze. Sur le versant N. du Monte Nero, non loin du
littoral d’Albenga (Lignrie occidentale), croissent à environ 1000 mètres d’altitude les
Ge n t i a n a acaul is. Saxi fr aga caesia et Pedi c ul a r i s gyrof lexa, et cela mi
voisinage de plantes aussi tyiiiquement méditerranéennes que les Thymus vi i lgaris
et Cor is mon s p e l i e n s is ! • 1 •
Il faut avoir constaté de visu des faits de ce genre — qui laissent bien loin
derrière eux tout ce que les plantes alpines ont pu avoir à supporter pendant les
'° 'l® Tullins, l ’E r in u s a lp in u s croit à (pielques mètres du IM s ta c ia
T e r e h in t h u s . Aux Echelles, le sG e n t ia n a a n g u s t i f o l i a , P in g u i c u l a a lp in a etc. sont à (pielques
mètres des S is ym b r iu m a u s t r ia c u n i, G a lium m y r ia n th u in etc.
(Jf I■I