Une comptabilité est tenue de tous les Nos. du jardin, avec, pour chacun d’eux,
le nom indigène de la plante, l’indication de son origine, la date de sa plantation, le
nom du collecteur etc.
Les registres contenant tous ces détails étant devenus très compliqués, j ’ai
introduit lors de la confection du nouveau catalogue, pour laquelle j ’avais été appelé
à Buitenzorg, un système de fiches qui sera continué, je l’espère, et permettra de
tenir constamment à jour un catalogue rangé alphabétiquement et un autre rangé par
numéros.
Outre les quartiers de l’arboretum, il en est d’autres qui demandent un
traitement spécial, ce sont les espèces frutescentes et herbacées. Elles sont rangées
par plates-bandes à l’intérieur de quartiers particuliers et sont toujours une des
principales attractions du jardin, car on y voit toute l’année des heurs en grand nombre.
Le vert domine dans la forêt tropicale et les fleurs y sont relativement
rares, aussi les parterres étoilés de corolles aux riches couleurs des quartiers XV I
et XV K sont-ils l’objet de l’admiration générale et le rendez-vous de tous ceux qui
s’intéressent à la biologie florale.
Ces parterres s’étendent au delà de la rivière Tjiliwong sur une île récemment
acquise par l’Institut et comprise en tre ‘deux bras du fleuve.
Plus rapprochés du centre sont encore deux quartiers plus ou moins exceptionnels.
C’est le jardin des Orchidées, dont la plupart, épiphytes, sont cultivées sur de petits
arbres (Plumiera).
Les plus belles espèces s’épanouissent là en liberté, sans autre protection que
l’ombre mystérieuse du petit bois. Un clair ruisseau circule parmi elles et la douceur
du climat fait le reste. Ce quartier des Orchidées est situé au sommet de la côte
qui domine la rivière et au bas de laquelle sont les étangs à Nymphé a et à
Nelumbo. C’est certainement l’une des vues les plus exquises et les plus caractéristiques
du jardin.
Dans la partie ouest est le second quartier dont l'intérêt nous attire aussi
plus spécialement: c’est le quartier forestier. Il est planté de grands arbres très
rapprochés les uns des autres de façon à constituer un dôme de feuillage très dense
comparable à celui de la forêt vierge. Au milieu d’eux serpentent les lianes et foisonnent
les épiphytes et les buissons. Tous les détritus, feuilles mortes etc., soigneusement
conservés et accumulés sur le sol, y constituent un humus profond permettant
la culture des espèces les plus délicates des forêts équatoriales.
C’est la réalisation des conditions biologiques du „ t r opi s ch e r Re g e nwa ld ‘‘
ainsi que les botanistes allemands ont nommé cette association avec beaucoup de raison.
Aussi peut-on voir s’épanouir là des Aroï d é e s étranges et une magnifique collection
de Zing ib e r a c é e s , d’où M. Va l e to n a tiré ses intéressantes observations et que
même des botanistes de l’autre côté du globe, comme le regretté Prof. Schumann
de Berlin ont mises à contribution.
Mais je n’en finirais plus si je voulais énumérer seulement les catégories de
végétaux pour lesquelles Buitenzorg offre des facilités particulières d’étude. Il me
faudrait citer encore la collection de palmiers qui est de toute importance au point
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H
de vue systématique vu l’impossibilité qu’il y a de réduire ces végétaux aux dimensions
d’un exsiccata iiratique, la collection des lianes, cultivée à part dans une partie
du jardin spécialement aménagée pour cela, et tant d’autres choses encore, mais je
dois me borner afin de dire quelques mots au moins des musées et des laboratoires,
ainsi que des stations annexes.
§ 2. L a b o r a t o i r e s .
C’est d’abord le laboratoire des savants étrangers, car il y a un laboratoire,
pourvu de nombreuses tables et de tous les instruments et réactifs nécessaires, mis
généreusement à la disposition de tous les chercheurs qui veulent faire un séjour à
Buitenzorg.
A ce laboratoire est attaché un personnel habitué aux recherches et capable
d’aider dans une large mesure tous les visiteurs.
C’est ensuite la bibliothèque, très considérable, formée, non seulement par
les acquisitions du jardin, mais à laquelle ont été ajoutés tous les livres appartenant
à la principale société scientifique des Indes néerlandaises. Quoique maintenues séparées
afin de respecter les droits de chaque propriétaire, ces deux collections de
livres sont consultées sans distinction et sans difficulté par tous ceux qui en ont besoin.
C’est enfin l’iierbier, dont j ’ai déjà parlé et qui est composé d’une série de
collections diverses: Un herbier général contenant, groupé géographiquement à l’intérieur
de chaque espèce, les plantes de l’Archipel malais, celles d’Australie, celles
des Indes anglaises et celles du reste du monde.
Vu l’emploi qu’on est obligé de faire de la main-d’oeuvre indigène, les espèces
ne peuvent être classées systématiquement; elles sont rangées par ordre alphabétique,
à l'intérieur de chaque genre et les genres à l’intérieur de chaque famille.
Il s’ajoute à cela une série des plantes du jardin, laquelle est très précieuse
à cause des exsiccata qu’elle nous a conservé d’une foule d’espèces autrefois cultivées
à Buitenzorg, mais qui ont péri par la suite. Cet herbier est accompagné de spécimens
de fruits et de fieurs conservés dans l’alcool ou sécliés sans être pressés. Ils m’ont
été du plus grand secours pour les déterminations précises, à cause de leur numérotation
très exacte correspondant aux indications des étiquettes du jardin.
Dans un autre bâtiment se trouve un autre herbier dit herbier forestier,
collection considérable de plantes javanaises amassée principalement par les soins de
M. le Dr. K o o r d e r s et qui a servi de base à la flore forestière publiée autrefois par
K o o r d e r s et Va l e to n et depuis deux ans par M. Va l e to n seul. A côté de cet
herbier local se trouve encore une série de collections particulières qui n’ont pas été
intercalées dans l’herbier général pour des raisons spéciales, mais qui le seront probablement
plus tard. Ce sont, pour n’en citer que quelques-unes: les collections de
Koorders, de Celebes et de Halmaheira, les plantes de Hallier de Bornéo, celles de
Treub de Saleier et autres Moluques, un exsiccata de Eorbes, une série de plantes
de Teysmann qui sont actuellement en voie d’intercalation, et bien d’autres encore.
C’est surtout parmi ces collections spéciales que les amateurs de nouveauté
auront à diriger leurs investigations.