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(2100 mèt. environ) de plusieurs espèces confinées ordinairement dans les zones
inférieures.
En un mot, il est à recommander à tons ceux qni visitent Buitenzorg, de
réserver un espace de temps suffisant pour un séjour prolongé à la station de
Tjibodas, ils en tireront toujours grand profit et en jouiront profondément pour peu
qu’ils soient sensibles aux beautés de la nature.
Part. III. Java en général.
J ’ai parlé jusqu’ici de l’Institut scientifique de Buitenzorg, mais il est impossible
de passer sons silence tout le reste de la colonie. J ’admets qne i)onr un botaniste,
le jardin soit une des principales attractions, mais il est d’antres points absolument
dignes d’attention. Impossible de les énumérer tons, j ’en choisirai donc quelques-uns
des plus importants.
§ 1. Noesa Kamb a n g a n et les Raff lesia.
Il est peu de naturalistes qui ne désirent pas voir les Ra f f l e si a dans leur
station originale. Ces fameuses fleurs dont le diamètre atteint 1 m. à Sumatra, mais
ne dépasse pas 50 cm. à Java (c'est déjà raisonnable) et dont l’appareil végétatif est
réduit à des filaments à peu près microscopiques, vivent en parasites à l’intérieur
d un Cis sus , liane au tronc aplati de l’apparence la plus singulière.
Il en est plusieurs espèces dont l'une vit sur les flancs dn Salak, à peu de
distance de Buitenzorg, snr le versant sud de la montagne, lequel est assez difficilement
accessible. C’est le Raf f le si a Rochns seni . Mais l’espèce la plus connue est
le Raf f le si a P a t i n a qui est probablement le même que le R. A r n o l d i , et qni croit
dans la petite île de Noesa Kambangan (île des fleurs) snr la côte méridionale de Java.
Pour y parvenir on utilise le chemin de fer allant de Buitenzorg à Tjilatjap,
le seul port de quelque importance de cette côte. Ce port est situé dans
les marais et il est réputé pour son insalubrité. On fera donc bien de prendre dès
l’arrivée des précautions minutieuses contre les moustiques et il est à conseiller de
ne consommer que de l'eau minérale. Qu’on ne se laisse pas décourager iiourtant,
car le site en vaut la peine, c’est un des recoins les plus beaux de l’île; non pas
la ville elle-même, bâtie dans des marais nauséabonds; mais le port qni est bordé au
sud par les collines rocheuses de Noesa Kambangan, et qui se prolonge en un canal
étroit. Ce canal, bordé de palétuviers délicieusement verts, sépare cette île de la
terre ferme; il conduit dans une lagune immense, ressemblant à un beau lac, et
appelée Segara Anakan.
Les Raf f le si a se trouvent dans les forêts vierges qui couvrent l’île. Je dis
forêt vierge dans le vrai sens du mot, car les Javanais croient cette région hantée
par un esprit malfaisant et ils ont respecté jusqu’ici ces futaies magnifiques. Il est
même extrêmement difficile de les décider à pénétrer dans la partie occidentale de
111e, celle qui avoisine le Segara Anakan.
J ’en ai fait moi-même l’expérience. Malgré la recommandation de l’aimable
assistant-résident de Tjilatjap et malgré les ordres formels du régent — le prince
indigène qui m’avait prêté sa propre praow —, mes hommes s’arrangèrent de telle
façon qne la marée arriva juste à temps pour nous empêcher d’aborder et je dns
rentrer bredouille à Tjilatjap. Je pris ma revanche sur les Raf f lesi a, dans la portion
orientale de l’île où il y a un chemin, un petit village indigène et un phare, toutes
choses qui, il faut le croire, ont éloigné le mauvais esprit, car les naturels ne craignent
pas trop d’y aller.
Dans toutes ces forêts, le Cissus, l’hôte du Raf f lesi a, est très commun;
mais en trois ou quatre stations seulement, dans des fourrés très denses, on peut
admirer les fleurs du parasite. Elles sont d'un brun-rouge clair et leur tissu de
consistance cartilagineuse tient le milieu entre le végétal et ranimai.
Elles rieurissent deux fois par an seulement et comme elles se décomposent
rapidement, il faut arriver an bon moment. J ’en ai récolté deux exemplaires
en excellente condition au mois de Novembre, mais on en trouve aussi en avril, ai-je
ouï-dire.
La côte Sud de Noesa Kambangan est atteinte facilement par le chemin
dont j ’ai parlé. Elle se conqiose d’une falaise de rochers très abrupts, au pied de
laquelle les longues vagues de l’océan Indien accourent de l'infini pour se briser
avec furie. Elles lancent leur écume blanche jusqu'aux buissons éternellement verts,
penchés sur l’abîme et pendant en longs festons le long de la paroi brune. Cette
côte, vue de la lanterne dn phare est un des spectacles les })lus impressionnants qne
je connaisse. Quoique nous soyons à 200 mèt. au-dessus du rivage, le grondement
des flots est si formidable qu’il nous assourdit.
§ 2. Archéologi e.
Après Noesa Kambangan, il faut continuer vers l’Est et visiter le centre de
Java, ce que les LIollandais appellent les Vo r s t enl a nde n, c’est-à-dire le pays des
princes. Là nous ferons bien de faire taire un peu le botaniste pour laisser parler
le simple touriste. Cette région est' le centre de la civilisation javanaise, les villes
de Djokjakarta et de Soerakarta abritent toutes deux les vieilles dynasties indigènes
du pays. A Djokjakarta réside le sultan et à Soerakarta on Solo, l’empereur, le
Sonsouhounan, comme il se nomme lui-même.
Il est vrai qne chacun de ces deux monarques a dans la même ville un
concurrent, de sorte que les deux trônes sont doubles. Mais ceci n’est qne le résultat
de l’habile politique des Hollandais qui ont mis en pratique la devise: div ise r ponr
régner .
Ces souverains sont intéressants par leur histoire et parce qu’ils ont conservé
dans leur palais quelques-unes des vieilles coutumes des anciens conquérants indous.
Ils sont en effet leurs descendants plus on moins directs, et le sonsouhounan que
j'ai eu l’occasion de voir de près, a certainement un type un peu différent de celui
des Javanais en général. Du reste, ce type se retrouve un peu dans toute l’aristocratie
du pays qui possède à n’en pas douter une forte proportion de sang hindou.
C’est non loin des deux capitales que je viens de nommer qidon peut admirer
aussi les plus belles ruines de l’île. A une petite distance de Djokjakarta se trouve
Résultats scientifiques du Congrès international de Botanique. 21