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temps xérothermicpies sur le versant nord des Aljies ])oni- se rendre comiite de la
force de résistance et du pouvoir (raccommodation de beancou]) de plantes aliiines.
L'étude des hantes chaînes extérieures des Alpes maritimes, si dénudées et
si brûlées, est d'ailleurs aussi très instructive à cet égard. On voit là des phénomènes
d'accommodation (ini sont inconnus dans les Aljies ])lns septentrionales: Le Rannn-
culus glacial is i>ar exemiile végète dans des éboulis arides des versant sud souvent
abandonnés par la neige dès le mois de Juin, fleurit et fructifie très raiiidement, subit
les longues sécheresses de l'été, jiour n’être recouvei't (|iie tardivement (Octobre),
et ]»ai’fois encore temiiorairement, pai' la neige (Foi’t Carra, massif de Sangninière de
2300 à 2900 m). La faculté d’accommodation est ici singulièrement aidée par l’absence
de concniTence résultant du nombre l'estreint d’individus (jui forment le »tapis« véj
7. La période xérotlierinique.
La iirésenco de colonies de iilantes méridionales isolées au milieu de la végétation
habituelle des vallées et des Alpes soulève un jn'ohlème phytogéogra])lii(|ue de
idiis haut intérêt et dont la solution est capitale pour l’iiistoire des flores enroiiéennes.
Il importe tout d'abord de bien séparer ces colonies méridionales »en place«,
enti'ant comme jiartie intégrante dans des formations naturellement définissables, d’avec
les esjièces méridionales (rimmigration récente et souvent artificielle.
Dans le cas des immigrations récentes — à moins iju'il ne s'agisse d’iine
introduction artificielle et siiliite (voisinage de moulins, liizernières etc.) — l’immigration
s'effectue d'une façon graduelle, en utilisant tontes les jiortions de terrain disponible.
Prenons un exemjile ijni a été fort bien étudié jiar M. M a g n in dans le bassin du
Rhône'), celui du Pt e r o t h e c a neniai isensis. Selon cet observateur, le Pt e ro th e c a
avait atteint Lyon avant 1870, mais on ne l’y constatait guère iju’à l’état erratique.
En 1872, CusiN attire l’attention des botanistes lyonnais sur la tendance qii'a cette
Comjiosée jirovençale à se fixer. Ses jirogrès sont constatés jiar tous les observateurs
les années suivantes. Elle remonte le long de la voie ferrée jnsijii’à Amhérieii, d’où
elle envahit les vignes du Pngey. Quehjiies années plus tard, nous faisions la
découverte du Pt e ro th e c a sur les rochers supérieurs de la Chambotte (chaîne de
Chautagne, Jura savoisien), en comjiagnie d’autres jilantes très therniojihiles telles que
les Co roni l l a minima, Sco r z o ne r a ai ist r iaca, St i j ia j iennata, I l i er aci ui n
Li o t t a r d i , Ori zops i s j iaradoxa etc. An jiremier abord, nous crûmes jiouvoir la
placer dans la même association méridionale. Les explorations faites les années suivantes
nous détrompèrent. Cette localité n’était jias isolée. Nous jiûmes suivre le Pt e ro th e c a
le long des routes jnsijiie dans les vignobles du voisinage où elle foisonne. Actuellement,
nous avons retrouvé cette plante dans tout le Jura méridional entre le lac du Bourget
et les environs de I^on.
Cet exemple montre qu’il faut de la prudence, et parfois beaucoup de recherclies
sur le terrain, avant de jiouvoir juger de la valeur d’un habitat jiour une esjièce
J) Mao xin, La végétation de la région lyonnaise, p. 470. Lyon 1886.
donnée. En thèse générale, les terrains rendus accessibles jiar l’homme (bords des
routes, talus de chemin de fer, vignobles, terrains médiocrement cultivés) sont des
habitats (jiii favorisent les immigrations récentes.
Tout an contraire, les tyjies méridionaux de la première catégorie disparaissent
le plus souvent devant l’intervention de l'homme, au lien de se développer à la
faveur de sa jirotection. Ils habitent des stations naturelles, écartées, jien accessibles,
et en sortent rarement. Ils entrent dans la comjiosition de formations à écologie définie,
aiixijiielles ils donnent même souvent nu cachet particulier. Ce sont des sortes d’îlots.
Un antre différence réside dans la composition des colonies méridionales
récentes. Celles-ci se ressemblent toutes, à jieii de choses près, dans une région
donnée. Il en va tout autrement des colonies méridionales naturelles: elles présentent
des différences frajijiantcs d’iin jioint à un antre.
Dans le Jura savoisien, jiar exemjile, les colonies méridionales de la côtiôic
du Rhône jiossèdent l’Argyrolol i iuin ar g en t eiim et le Ge n i s t a Scorpii is (jm
maiKjiient aux colonies de la face ojijiosée du lac du Bourget. L’une jiossède l’Ori-
zopsis pa radoxa . l’autre ne l’a jias. Plus an nord, le Buxus s empe r v i r ens qui
couvre tout le versant S. de la montagne du Vuache, fait à notre connaissance coni-
jilètement défaut à la remanjiiable station de la Balme de Sillingy, situee seulement a
15 kilomètres de là et jiossèdant exactement la même exjiosition, la même altitude
et le môme tei'rain. En revanche, les terrasses à Osyr i s alba de cette montagne
mamjuent an Vuache. - Dans les Aljies Lémaniennes, les mêmes faits se rejiroduisent.
La lisière de l’Arve possède l’As t r aga l n s mouspes su lan ii s . Cette espèce manque
dans la vallée d’Abondance, mais celle-ci possède en revanche le Scabi osa g r a in
in if oli a.
Nous ne voulons jias revenir ici sur ce ijue nous avons dit récemment du role
(jiic l’on jioiirrait être tenté d’attribuer à l’action des vents dans la formation récente
de ces colonies'), an moyen de transport à grande distance. Nous n’avons pas eu
connaissance dejmis lors de f ai t s jiositifs de nature à nous faire changer d’ojnmon.
Sans nier les faits accidentels de transport à grande distance, nous persistons à croire
(jue la migration jiar petites étapes successives est le jirocessus normal et de beaucouj)
le jihis fré(jnent. L’intervention continue du vent transjiortant normalement a grande
distance aurait eu jioiir conséquence, dans la suite des temps, une très grande unifoi-
mité dans la comjiosition des colonies méridionales. Et cela d’autant plus (jue jioiir
lieaiiconj) des membres de ces colonies méridionales les exigences écologKjues sont
très semblables. Or ce résultat est en contradiction avec les faits d’observation.
En réalité, on retire d’une analyse soignée, faite sur le terrain, de ces colonies
méridionales jioiirsnivies une à une, l’imjiression très nette qu’elles appartiennent a
line ancienne végétation dont nous ne retrouvons plus que des fragments ejiars et
réduits. Cette végétation ne trouve pins à l’époque actuelle les conditions nécessaires
à son exjiansion ; les fragments (jni ont persisté n’ont pu le faire (jue sur les points
où des circonstances locales particulièrement favorables leur ont permis de se maintenu
■ “ 1) Briquet, Les colonies végétales xérotbenni(iues des Aljies Lémaniennes, p. 7 0 - 7 2 (Bnll.
soc. Murith., XX5'111, ann. 1900).
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