L’Égypte, la Basse-Nubie, sont couvertes de ruines.
Nous ne trouvons des habitants, de la culture, que dans
le Delta, et sur quelques points où les eaux du Nil, soit
par les débordements, soit par le secours de machinesd’arrosement
artificiel, peuvent déposer un limon fertile.
Cependant dans les temps anciens, on voyait partout des
champs cultivés, des pâturages, des jardins superbes, qui
alimentaient une population innombrable. En effet, nous
ne pouvons faire un pas sur ce sol jadis si fécond, sans
fouler des ruines qui attestent que là s’élevaient des
villes, des capitales, dont l’étendue, la splendeur excitent
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notre étonnement, notre admiration. La partie de la Basse-
Égypte habitée par le peuple hébreu, contenait les meilleurs
pâturages, ce qui lui avait mérité le nom de terre
de Gessen-, c’est-à-dire terre des Pasteurs. Elle est aujourd’hui
la plus déserte de toute l’Égypte. Excepté, dans
quelques endroits où des sources entretiennent un peu
de végétation, on n’y voit que du sable, et ce sable s’est
accumulé en si grande quantité, qu’il a tout recouvert,
même les ruines de la plupart de ces grandes villes dont
il est fait mention dans la Bible. Ramessès, Tanis, n’ont
été découverts que depuis bien peu de temps. Dans la
première de ces villes, une statue de Sésostris, encore
debout et en place, se trouve dans un grand trou.
Quelle est la cause de cette dépopulation, de cette
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stérilité, qui ont changé en déserts, des contrées fertiles?
On ne peut invoquer ici, les dévastations, suites inévitables
de la guerre et de la conquête ; de tels maux se
réparent promptement, pourvu qu’on laisse aux peuples,
un peu de sécurité, de manière qu’ils puissent jouir du
fruit de leurs travaux. La véritable cause de cette dépopulation
de l’Égypte et des contrées voisines, celle qui
les a couvertes de ruines,, est l’abrutissant despotisme qui
a pesé sur elles depuis le septième siècle, despotisme fatalement
dirigé lui-même par des principes qui excluent
toute-idée de civilisation et de progrès.
Lorsque le peuple est considéré à l’égal du bétail, n’est
plus qu’un objet d’exploitation, s il ne peut se soustraire
à la dure domination sous laquelle il gémit, il n a plus
qu’un seul souci : vivre et laisser à ses oppresseurs, le
moins possible. Mais lorsque le peuple ne produit pas,
ou ne le fait que pour autant qu’il y est contraint, alors
tout tombe, tout dépérit, et les plus riches contrées se
transforment en déserts.
C’est ainsi qu’une grande étendue de l’Égypte et de la
Basse-Nubie, ne présenté plus que des plaines de sable
où toute trace de végétation a disparu. Les rares habitants
qui n’ont pas fui le sol natal pour chercher un peu de
sécurité sur une terre étrangère, se sont retirés vers les
bords du fleuve et sur des points ou un peu de culture