mais nous les aimons, nous leur restons fidèles; vous
autres,. Chrétiens, après qu’elles voiis ont quelquefois
chèrement payés, vous les maltraitez, vous les abandonnez
pour dépenser leur argent avec de misérables
créatures. A h , Monsieur, ne nous reprochez rien, nos
usages, nos moeurs valent mieux que les vôtres. Pour
mettre fin à cet entretien, je lui représentai que le
commerce d’esclaves était sévèrement défendu en Egypte,
et qu’il s’exposait beaucoup en faisant une semblable
proposition. 11 m’assura qu’il n’y avait rien à craindre
à cet égard; que si nous avions pu nous entendre, il
m’aurait livré les jeunes négresses à Alexandrie, au
moment même de notre départ.
L’après-midi, j ’allai visiter les carrières qui sont
toutes situées au sud et au sud-est de la ville! Dans
plusieurs, on voit encore de nombreuses traces des instruments
qui ont servi à détacher les blocs. Je suis parvenu
à trouver cet obélisque ébauché dont il est fait
mention dans plusieurs ouvrages sur l’Egypte. Il était
presque entièrement recouvert, de sable. Je l’ai mesuré,
et lui ai trouvé cent deux pieds de longueur. Il m’a
été impossible de constater la fissure qu’on dit exister
à sa partie supérieure, mais il est vrai que je n’ai pu
g g
dégager celle-ci entièrement. Outre cet obélisque, on
voit en plusieurs endroits, des blocs de diverses dimensions
qu’on avait commencé à dégrossir. Il y en a
qui ne sont pas même entièrement détachés dn rocher
d’où on voulait les extraire.
Plusieurs malheureux atteints d’ophthalmies graves ,
vinrent me consulter. Ils me disaient qu’ils avaient bien
un médecin., mais qu’il leur était impossible de se
procurer des médicaments. Semblable plainte m’a aussi
été faite par des habitants de Louksor.
Le 15, nous quittâmes Assouan à cinq heures du
matin. En passant devant Edfou, nous admirâmes encore
ce beau temple qui se présente majestueusement
et qui domine tout ce qui l’environne. Au moyen de
ma lunette d’approche, je pus facilement distinguer
quatre personnes qui se trouvaient alors sur la plateforme
de l’imposant pylône.
Il était quatre heures et demie lorsque nous arrivâmes
à Louksor. Son Altesse Royale ayant manifesté le désir
de se rendre tout de suite au grand temple de Karnak ,
des chevaux et des ânes nous furent aussitôt amenés.
Afin de pouvoir observer les effets du soleil couchant
dans cet amas de constructions et de ruines, nos guides
nous conseillèrent de monter sur la masse gauche du
premier pylône. Cette masse est à moitié renversée, tandis
que la droite est presque entière. Comme celle-ci, elle
n’avait pas moins de cent-cinquante pieds de hauteur ,
c’est-à-dire, celle de la colonne de la place Vendôme;
sa longueur est de deux cents pieds, sa profondeur de
cinquante. Sa face sud est fortement dégradée. C’est de
ce côté que gisent les pierres provenant de la destruction
de la moitié supérieure. Ces pierres, les pans de murs ,