grandes plaines couvertes de diverses céréales, particulièrement
de maïs et de riz.
A Dahari, nous atteignîmes la branche de Rosette du
Nil, que nous passâmes sur un large et magnifique pont
m fer. On est alors dans le véritable Delta, car cette
dénomination, bien qu’appliquée à toute l’étendue de l'a
basse Egypte jusqu’au Caire et Suez, ne convient réellement
qu’à la partie qui s’étend du barrage à la Méditerranée
, et est comprise entre les branches de Rosette
et de Damiette.
Tous ces terrains que nous traversâmes ensuite jusqu’à
notre arrivée au Caire, sont d’une fertilité dont on
ne se fait pas une idée ; on peut les comparer à un vaste
.et magnifique jardin. Si ce n’était la présence de palmiers
, l’aspect particulier des villages et des habitants,
on se croirait dans une des plus belles contrées de l’Europe.
Il y. a quelques marais encore, mais ils ne font pas
tache au tableau, au contraire. Des touffes de hautes
graminées telles que, les roseaux à quenouille et à balais,
les massettes à larges feuilles et à feuilles étroites, on voit
partir de nombreuses bandes de canards et de sarcelles.
Sur leurs bords se tient déjà l’ibis, que nous trouvâmes en
si grande quantité dans la moyenne et la haute Egypte.
A Kafr-Zayad, qui est à moitié chemin entre Alexandrie
et le Caire, s’arrêtent tous les convois pour y faire
de l’eau et donner aux voyageurs qui le désirent, le
temps de déjeuner. Il y a, dans cette station, un restaurant
assez passable.
Tantah, chef-lieu de province, est après Alexandrie et
le Caire, la ville la plus riche et la plus commerçante de
l’Egypte. Les Musulmans s’y rendent en pèlerinage pour
y vénérer un de leurs saints (i) dont les restes reposent
dans une mosquée. On y tient des foires qui sont le rendez-
vous des marchands de toute l’Egypte, et même de
divers autres pays. Des étrangers, français, anglais, autrichiens,
grecs, etc., y sont établis. On y trouve quelques
hôtels tenus à l’instar de ceux de l’Europe. Les Arabes
qui viennent à Tantah, ont l’habitude de ne pas se
loger dans la ville. Ils ont, avec eux, des tentes qu’ils
dressent dans les campagnes environnantes. Elles occupent
quelquefois une immense étendue, ce qui produit
un effet très-pittoresque. La ville de Tantah est maintenant
renommée pour .ses nombreuses danseuses qui
sont les meilleures et les plus belles de l’Egypte.
Après la petite station de Birket es-Sabb, on traverse
sur un beau pont en fer, la branche de Damiette du Nil,
et sortant du delta, on arrive à Benâ’l-Assal où Abbas-
Pacha a fait construire un palais aujourd’hui abandonné.
Près de ce village, sont les ruines de l’ancienne Athribis
qui ne présente plus que des tas de décombres, des
fragments de briques, au milieu desquels des Arabes ont
construit des misérables habitations. Près de Benâ’l-
Assal, la branche de Damiette donne le canal de Moës
(1) Achmet el-Bedawy né à Fez, mort à Tantah, en 1199.