Les anciennes cartes dont j'ai parlé dans le chapitre
précédent, placent Mara à l’endroit même où sont les
fontaines de Moïse. L’Aïn-Hawârah pourrait correspondre
à Elim, cinquième station du peuple hébreu. Les eaux
qu’on y trouve sont certainement mauvaises, mais non
pas saumâtres , vu qu’elles entretiennent une forte végétation.
En effet, comme du temps de Moïse, il y croît
des palmiers... Les enfants d’Israël vinrent ensuite à
Elim, où il y avait douze fontaines et soixante et dix
palmiers, et ils campèrent auprès des eaux. Yénerunt
autem in Elim filii Israël,. ubi erant duodecim fontes
aquarum, et septuaginta palmæ : et castrametati sunt
juxta aquas. (i). Dans le Wadi-Gharandel, situé plus
loin, on trouve, il est vrai, des sources, un ruisseau
d eau courante, et par suite, quelques palmiers, mais si
cet endroit doit avoir été l’Elim de la Bible, la cinquième
station n’aurait été éloignée de la quatrième,
que de deux lieues, en admettant que Aïn-Hawârah soit
effectivement le Mara de l’itinéraire des Israélites.
Les auteurs de VHistoire de Vexpédition française en
JÉgypte,- décrivent les fontaines de Moïse, de manière à
prouver évidemment qu’ils ne les ont pas vues. Voici
ce que nous y lisons : » Bonaparte commença les explorations
scientifiques, par une visite aux sources de Moïse,
situées sur la côte, à trois lieues de Suez, dans l’Arabie
Pétrée. C’était là que se trouvaient les rochers que le
(1) Exode, chap. XV, vers. 27. •
législateur du peuple juif frappa de sa baguette pour en
faire sortir des eaux vives et limpides. Bonaparte partit
de Suez le 8 nivôse (28 décembre) pour se rendre à la
fontaine miraculeuse. Il passa la mer Rouge à un gué
pratiquable pendant la marée basse. Arrivé sur les
lieux, il reconnut cinq sources qui s’échappaient en
bouillonnant, dë petits monticules de sable ; l’eau en
était potable, mais un peu saumâtre. Non loin d e là ,
quelques vestiges indiquaient un aqueduc moderne qui
conduisait cette eau aux aiguades situées sur le bord de
la mer (i). «
Cette description est bien différente de celle que je
viens de donner. Je n’ai trouvé aucun monticule de
sable d’où l’.eau s’échappait en bouillonnant, mais bien
vingt puits profonds dans lesquels l’eau n’était aucunement
agitée. Je parlerai, plus loin, de la pierre généralement
reconnue comme étant celle que Moïse frappa de
sa baguette pour en faire sortir des eaux vives et limpides.
Il était soir lorsque je rentrai au palais. On était
très-inquiet; en. effet, mon absence avait été fort longue.
Je m’estimais heureux d’avoir visité cette quatrième
station du peuple hébreu, ce lieu si vénéré non seulement
des chrétiens, mais encore des juifs et des maho-
métans; je me promis bien cependant d’être plus prudent
à l’avenir, de ne plus jamais m’engager seul dans un
(t ) Tome i , chap. VII.