CHAPITRE QUATORZIÈME.
DE SUEZ A ALEXANDRIE.
CAPTURE D’ENVIRON CINQ CENTS ESCLAVES — EAU D IS T IL L É E D E M . W E S T . —
O F F IC IE R S D E L ’H ERM IO N E . — DÉ PA R T D E SUEZ. — A R R IV É E AU C AIR E . — V IS IT E
D’ADIEUX AU V IC E -R O I. — PALAIS D’A BDIN E. — V IS IT E A UNE FAMILLE C O P T E . —
ACTE DE B RU TA L IT É . — JU G EM EN T . — EXÉCUTION. — CADEAUX R E Ç U S . —
F IG A R I-B E V ; SES COLLECTIONS. — DOCTEUR B U R G IÈ R E S -B EY . — DÉPART PO U R
ALEXANDRIE. — V IS IT E A MADAME ZIZINIA. — EMBARQUEMENT A BORD DU
CYDNUS. — DÉPART POUR L’E U R O P E .
Après le déjeuner, je parcourus les bazars et les magasins
du quartier européen ; je me rendis cbez M. Emérat
pour lui demander^ des renseignements sur une capture
importante qui avait été opérée pendant notre absence.
Voici de quoi il s’agissait : le gouverneur avait appris
qu’un grand nombre d’esclaves nègres étaient cachés dans
des maisons qui lui étaient désignées. Comme Suez est,
pour ainsi dire, le centre de ce bonteux commerce, une
surveillance assez active est établie pour ne pas rendre
illusoires les ordonnances qui le prohibent. Des visites
eurent donc lieu dans un moment où aucun éveil n’avait
été donné, et amenèrent la découverte d’environ cinq cents
hommes et petits garçons. Il y avait aussi des femmes,
mais on ne put les trouver. Tous ces esclaves devenaient,
libres, mais cette liberté ne leur servait à rien ; ils arrivaient
du Soudan, et ayant d’être embarqués, ils avaient
parcouru une grande étendue de pays. Abandonnés à leurs
propres ressources, ils ne pouvaient retourner chez eux,
et le gouvernement de son côté, n’avait pas les moyens
de les y faire conduire. Dans cette occurrence, on incorpora
dans les régiments, les hommes en état de porter les
armes, et les enfants furent envoyés au Caire et placés
dans les diverses écoles. Il n’y avait pas de vieillards, et
cela so conçoit ; les marchands d’esclaves ne font des frais
que pour les articles susceptibles de trouver un bon placement
; quels services pourraient rendre des vieillards, et
qui voudraient les acheter pour la seule satisfaction de
les nourrir ?
Le soir, tous les fonctionnaires qui avaient assisté à
notre débarquement, eurent l’honneur de dîner avec Son
Altesse Royale. M. West insista beajicoup pour me faire
déclarer que son eau distillée était d’une aussi bonne
qualité que celle du Nil. Malgré mon vif désir de lui être
agréable, je ne pouvais lui faire une semblable concession.
Je tâchai néanmoins d’adoucir ma résistance, en faisant
ressortir combien, dans certaines circonstances, ce nouveau
système de distillation était appelé à rendre d’importants
services;