désert où j ’aurais pu ni’égarer et être exposé à de grands
dangers.
J ’eus le plaisir de trouver au palais, notre bon M. Scâ-
navi qui était accouru à Suez pour saluer Son Altesse
Royale. Il n’était pas entièrement guéri de sa blessure,
mais il n’en souffrait plus et pouvait marcher assez faci-
leqjent. Il nous apporta des lettres d’Europe. Nous les
attendions avec impatience, car elles auraient dû nous
être parvenues depuis quelque temps ; mais elles avaient
été expédiées à Kénèh, oil elles étaient arrivées plusieurs
jours après notre départ.
Le 3, dans la matinée, je parcourus la ville en compagnie
de M. Scanavi. Les bazars étaient abondamment
fournis de toutes espèces de marchandises ; on y rencontre
assez bien de personnes qui parlent l’anglais et
même le français. Dans le quartier européen, il y a
beauûôup de magasins où l’on peut se procurer une grande
variété d’objets provenant de la Chine et des Indes. Les
principaux sont établis dans des- salons de l’hôtel Péninsulaire.
On trouve aussi des coquillages, des madrépores,
des oursins, des poissons, etc., le tout de la mer Rouge,
mais on nous en demanda des prix réellement exagérés.
D’Oultremont et moi, nous allâmes rendre une visite à
M. Emérat. Pendant qu’il nous montrait diverses curiosités
qu’il avait rapportées des Indes, sa femme rentra
d’une promenade à cheval. Nous avons tous lu la relation
de ses malheurs et de l’héroïque courage dont elle
porte sur la figure une marque qui ne s’effacera jamais.
Nous causâmes quelques instants avec elle, et je dois dire
que nous la trouvâmes extrêmement aimable. Elle nous
assura qu elle considérait Suez comme un séjour agréable;
elle parla des bals, des concerts qu’on y donnait, et où
on était toujours certain de rencontrer une société nombreuse
et choisie , composée de résidents européens et
de passagers présentés par leurs consuls.
Nos préparatifs étant terminés pour le voyage du
Sinaï, nous quittâmes Suez à deux heures de l’après-
midi. Bien que le palais ne soit qu’à quelques pas du
port, un train vint nous prendre. Un vapeur attendait,
qui devait nous mener à une petite distance où nous
allions visiter quelques bâtiments qui étaient à l’ancre,
et ensuite nous embarquer sur le Gabari pour la traversée
de la mer Rouge.
Le premier bâtiment sur lequel nous fûmes reçus,
était un paquebot à deux ponts , appartenant à la Compagnie
péninsulaire; il'faisait ses préparatifs pour un
voyage de 1 Indo-Chine. Les principaux employés vinrent
complimenter Son Altesse Royale qui admira lés magnifiques
aménagements de ce grand et beau vapeur. Nous
nous rendîmes ensuite sur l’Impératrice, paquebot à trois
ponts des Messageries impériales. Il est impossible de
se figurer rien de plus grandiose, de plus élégant. Son
Altesse Royale en fut tellement émerveillée, qu’elle
voulut l’examiner jusque dan? ses plus petits détails, et