certains préceptes du Coran ne sont plus qu’une lettre
morte.’ Ainsi, l’usage du vin est généralement répandu,
chacun consent volontiers à laisser faire son portrait, on
sait se dispenser du jeune, de la prière, des ablutions, etc.,
etc. Les plus scrupuleux ne sont pas les véritables Musulmans,
mais bien les Européens renégats, comme s’ils
s’efforçaient d’effacer leur tache originelle.
L’esclavage est aboli en Egypte, du moins ce honteux
trafic ne peut plus se faire que clandestinement ; mais la
femme est asservie à l’homme et ne sert que pour ses
plaisirs. Elle est considérée comme étant d’une nàture
inférieure; on croit même qu’elle ne peut être admise
dans le paradis. Cet état d’avilissement de la femme,
est une atteinte portée à la dignité humaine, et le pays
qui le maintient, doit rester en arrière de ceux où chacun
jouit de ses droits naturels.
Plus le peuple sera respecté et pénétré de sa dignité,
plus l’état deviendra prospère et florissant; Ismaïl-Pacha
agira donc sagement en ne perdant pas de vue ce point si
important. Ainsi, les châtiments corporels devraient être
abolis en Egypte. Je sais qu’on prétend que cette coutume
sauvage n’existe plus depuis longtemps; lorsque je
me trouvais sur le sol égyptien, on me l’assurait, et
néanmoins, j’ai vu frapper cruellement de malheureux
fellah employés à des travaux publics et non rétribués.
Tant que le peuple sera ainsi traité, le pays restera pauvre
et désert. La répression des crimes, délits, infractions,
doit être exclusivement du ressort de juges légalement
institués.
Voici donc une réforme que le Vice-Roi doit se hâter
d’introduire dans ses Etats. Mais il en est d’autres
non moins importantes. Ainsi, il faut respecter la
propriété ; chacun doit pouvoir jouir avec sécurité, du
fruit de son travail. C’est aussi une erreur de compter
sur le concours franc et sincère d’un fonctionnaire que le
moindre caprice vient déposséder. S i, en Egypte, dans
les conditions actuelles, on peut, comme exception, admettre
un avancement rapide, et même une nomination
d’emblée à un poste élevé-, on doit condamner ces promotions
ridicules, ces dégradations, ces destitutions inattendues
qu’on ne croit pas même devoir justifier.
La répartition, la levée des impôts, sont généralement
abandonnées à l’arbitraire de quelques employés dont la
gestion ne peut guère être contrôlée. C’est là un de ces
abus qui entraînent les nations vers leur ruine. Il est
donc urgent d’y porter remède. La conscription, cet impôt
du sang, devrait peser également et sans exception, sur
toutes les classes de la population, d’après une base juste
et sage, et la durée du service être limitée à un terme qui
assure à celui appelé sous les drapeaux, de ne pas être