leauæ monuments élevés à l ’art de guérir. Placé à table
entre lui et un autre médecin de la Compagnie, M. le
docteur Companyo, résident à El-Guisr, j ’ai pu pendant
le diner, recueillir de nombreux et précieux renseignements
sur la constitution médicale de l’Istbme, et les
maladies qui y régnent. Je dois le dire avec regret, de
même que les médecins que j ’ai rencontrés à Alexandrie
et au Caire, ils m’ont avoué qu’ils ne connaissaient pas
notre traitement rapide de la gale, qu’ils n’appliquaient
pas le bandage inamovible dans le traitement des fractu
r e s / e t qu’ils n’avaient aucune idée de l’opbthalmie
granuleuse, ajoutant qu’elle ne sévit pas en Egypte où
ils n’observaient guère que l’ophtlialmie catarrhale. Je
les ai engagés à profiter de l’occasion favorable qui leur
permettait d’examiner les yeux d’un grand nombre
d’bommes agglomérés et placés dans des conditions favorables
au développement et à la propagation des granulations;
leur assurant que celles-ci précèdent toujours
l’apparition des phénomènes inflammatoires, et restent
souvent inaperçues jusqu’à ce moment. Après plusieurs
objections de peu de valeur ; après surtout que je -leur
eus déclaré que j ’avais rencontré cette ophthalmie en
Egypte, ils m’ont promis de ne rien négliger pour se
former une conviction à cet égard.
Après le dîner, je causai un instant avec M. l’abbé
Gibbon. Il me donna des détails sur les motifs de l’opposition
qui l’ayait contraint à abandonner sa chaire de
philosophie à l’Université de Liège. Il paraissait encore
intimement persuadé que les.élèves, en se livrant a des
manifestations hostiles, n’avaient été que les instruments
de quelques hommes dont les principes étaient en opposition
avec les siens, et qui voulaient rendre sa position
intolérable, afin de l’éloigner.
Nous passâmes le restant de la soirée dans la tente de
M . de Lesseps qui nous communiqua les principaux plans
des travaux en voie d’exécution. Je m’étais assez fatigué
pendant la journée, j’espérais donc trouver un bon sommeil
; mais malheureusement, je n’avais pas une chambre
pour moi seul, et celui qui dormait à côté de moi, ne
cessa de pousser des ronflements tellement bruyants, que
je ne pus fermer l’oeil.
Le '2 9 , nous allâmes visiter une partie des travaux.
La Compagnie avait mis à notre disposition, des voitures
et des chevaux. Nous vîmes sur le bord méridional du
la c , une montagne assez élevée, nommée Gébel-Mariam,
Montagne de Marie. C’était sur son sommet que se retirait
pour consulter le Seigneur, Marie soeur de Moïse, célèbre
prophètesse dont,il est fait mention dans la Bible.
El-Guisr est un village arabe à côté duquel la Compagnie
a élevé une ville. Le village est presque abandonné,
et la plupart de ses maisons tombent en ruines.
El-Guisr occupe le point le plus culminant de 1 Isthme,
et est situé à peu près à égale distance de la Méditerranée,
et de la mer Rouge. Il est éloigné de Timsah