sable i entre les pierres, ses tiges grêles 7 ses nombreux
fruits d’une couleur jaune, et que les Arabes ont n ommés
pommes de Sodome (1). Les rochers s’élèvent de chaque
côté à une hauteur prodigieuse, et les escarpements sont
presque à pic. En certains endroits, le. granit disparaît,
et on ne trouve plus que du grès, du talc, du grès talc-
queux et ferrugineux.
Vers quatre heures, nous arrivâmes dans un encaissement
à fond sablonneux et où on trouve dans le rocher,
à une assez grande hauteur, une espèce de réservoir
rempli d’eau douce. Nous y dressâmes nos tentes. Cet
endroit est très-pittoresque et de forme presque circulaire.
Lorsqu’on est au milieu, on se croirait dans une excavation
sans issue. Les escarpements sont d’une énorme élévation
et à pic. Des palmiers, des tamaris, y atteignent un fort
développement. J ’y ai trouvé un magnifique arbuste du
(1) Cette dénomination de pomme de Sodome, a été donnée à plusieurs
espèces de fruits qu’on trouve en Orient. Mgr Mislin , dans son ouvrage sur
les Saints-Lieux , tome III, chapitre 5 2 , rapporte avoir vu sur les bords
de la fontaine d’Élisée, une plante, le solanum Sodomeum de Linné dont
les fruits de couleur'jaune, pareils à de petites oranges., sont communément
appelés pommes de Sodome. Il fait aus.si mention d’une plante vénéneuse
, l’asclepiade géante, qui croît le long du Jourdain , vers son embouchure
dans la mer Morte. Son fruit en grappes comme le raisin, dont
le suc laiteux est âcre et caustique , a aussi reçu-ce nom. Enfim il ajoute
que l’historien Joseph dit en parlant de la terre de Sodome, que ses cendres
produisent des fruits qui paraissent bons à manger, mais que l ’on ne
touche pas plutôt qu’ils se réduisent en poudre. C’est probablement, selon
lui, Vasclépiade de Syrie, ou l’arbre dont parle Seetzen et qui porte le nom
d'Aoescha-ez ; ses fruits n’ont pas de chair intérieurement, mais ils sont
remplis d’une ouate semblable à du coton très-fin et soyeux.
genre fabienne. Outre le tamaris ordinaire, j’en ai remarqué
un autre offrant des caractères particuliers. C’est
le tamarix marmifera, arbre qui produit une gomme à
laquelle on a donné le nom de manne. Cette gomme qui
suinte des rameaux, est en petits grains blanchâtres. Sa
saveur est sucrée et agréable; lorsquelle est exposée à
l’air, elle en absorbe l’humidité, et ne tarde pas à se
liquéfier. Bien des personnes (t) sont persuadées que cette
gomme est la manne qui a nourri les Israélites pendant
tout le temps qu’ils ont passé dans le désert. Cette opinion
ne peut pas raisonnablement • être défendue, Si l’on considère
combien aurait dû être considérable le nombre de
tamaris nécessaires pour produire une quantité de manne
suffisante. Remarquons que cet arbre ne se trouve que
dans la presqu’île sinaïtique, et que la manne ne suinte
de ses branches que pendant les mois de juin et de juillet ;
or, les Israélites en recueillirent tous les jours et partout,
jusqu’à leur entrée dans la terre promise, après le passage
du Jourdain. Mais une autre considération est plus pé-
remptoire encore: cette manne, de même que toutes les
gommes et le sucre, n’est pas un aliment, et son usage
exclusif ne permettrait pas à la vie de se prolonger longtemps.
Des animaux qui en ont été exclusivement nourrris,
n’ont pas tardé à succomber, et on a constaté à leur autopsie,
des altérations de la muqueuse gastro-intestinale.
(1) Munk, Palestine.