CHAPITRE TROISIÈME.
D ’ALEXANDRI E AU CAI RE .
I.AC MARËOTIS. — DAMANHOUR. — DAHARI ; BRANCHE DE ROSETTE DU NIL. —
L E DELTA! — ASPECT DU PAYS, — KAFR-ZAYAD. — TANTAH ; SON COMMERCE,
SES FOIRES, SES DANSEUSES. — BIRKET ES-SABB ; BRANCHE DE DAMÎETTE DU
NIL . — BENA’L-ASSAL. — ATHRIBIS. — CANAL DE MOES. — CANAL DU WADF.E.
' — BARRAGE DU NIL . - - ARRIVÉE AU CAIRE.
Le signal du départ fut donné Nous restâmes au
moins vingt minutes avant de pouvoir sortir de la gare ;
la machine demeurait immobile, malgré les peines que
se donnaient les employés pour la mettre en mouvement.
Ils ne savaient à quoi attribuer cet incident. Supposant
que les rails étaient trop secs et échauffés., ils les firent
arroser. Enfin, nous partîmes, nous engagéant entre le
canal Mahmoudièh et le lac Maréotis, et bientôt dans le
lac lui-même.
Le voyageur éprouve une. pénible impression en considérant
cette grande étendue de terrain couverte d’une
eau saumâtre et stagnante. On sait qu’avant 1801, le
bassin du lac Maréotis était presque desséché. Les Ânglais
qui assiégeaient alors Aboukir, coupèrent la digue
du lac du même nom sur laquelle passe le canal
d’Alexandrie, et ouvrirent ainsi à la mer un passage
dans les terres. Les eaux se précipitèrent dans l’immense
bassin presque desséché du lac Maréotis, inondant les
campagnes, détruisant et submergeant plus de cent
cinquante villages, dont on peut éncore voir l’emplacement
par des monticules en forme d’îles. Comme ce lac
est maintenant isolé de la mer, il se desséchera peu à.
peu, et si des précautions ne sont pas prises, si comme
l’avait proposé Mohammed-Ali, un système de canalisation
ne vient pas laver ce terrain et y déposer un limon
fertile, cette lagune redeviendra bientôt un marais pestilentiel.
Je dis redeviendra, car avant qu’elle ne fut
recouverte par les eaux de la mer, la vase de ce marais
exhalait, lorsqu’elle-était mise à nu, des miasmes délétères
; aussi, on n’a pas publié quelles étaient les maladies
qui désolaient alors toute la province de Mariouth,
autrefois province maréotique.
En sortant du lac Maréotis, le pays devient de plus
en plus animé, la végétation prend un autre aspect. Partout,
une magnifique culture témoigne de la fertilité du
sol. Nous avons traversé d’immenses rizières, des plantations
de cannes à sucre et de cotonniers.
Damanhour, chef-lieu de province,. est une ville assez
étendue, dont là population sè livre presque exclusivement
à la culture de la terre. Dans ses environs, sont des