mauvais. En effet, il serait difficile de se faire une idée
de sâ qualité. Ôn m’en a présenté un morceau, et j’ai
cru qùé c’était un fragment de granit, tellement il était
compacte, dur et pesant. L’ayant dans la main, je doutais
presque si c’était bien du pain. Ces religieux possèdent
néanmoins de grandes richesses, mais ils les
emploient en bonnes oeuvres, particulièrement en aumônes.
Le trésor du couvent n’est connu que d’un seul
moine qui ne peut jamais devenir supérieur. Aussitôt
quun moine est trésorier, il ëst mort pour le monde,
Car il lui est défendu d’avoir la moindre communication
aVec qui que/ce soit. Il désigne celui qui doit lui succéder
et se borne à le mettre à même de trouver à sa
mort, les renseignements nécessaires pour le remplacer
dans ses fonctions. Lorsque la communauté se trouve
dans le besoin, elle s’adresse à lu i, et il s’empresse de
mettre à sa disposition ce qui lui est demandé. Le cou-
vènt a pour chef un évêque nommé par les moines et
qui habite le Caire, bien que sa résidence devrait être
le Sinaï ; eh bien, cet évêque ne connaît rien du trésor,
et il le voudrait qu’il ne le pourrait pas. Dans ce cas
seul, le trésorier désobéirait à son supérieur. J ’ai vu le
trésorier, mais sans lui parler et même l’approcher de
très-près ; c’était un vieillard octogénaire. Celui désigné
pour lui Succéder, paraissait beaucoup moins âgé. Il lui
était permis de voir sa famille, mais non en particulier.
Dans la grande cour extérieure, on voit la portion de
muraille qui fut rebâtie par ordre du général Kléber.
Une inscription en langue grecque et gravée sur une
pierre placée dans le mur, témoigne de la reconnaissance
des moines. C’est au-dessous de cette pierre que
se trouve le passage qui conduit dans l’intérieur du
couvent.
Les jardins, comme je l’ai déjà rapporté, sont situés
à 1 ouest du couvent, sur une pente de la montagne et
sont disposés en terrasses. On y voit une quantité
d arbres fruitiers tels qne, des abricotiers, des pommiers,
des poiriers, des grenadiers, des figuiers , des cognassiers,
des oliviers, des vignes. On y cultive aussi des
légumes ; nous en avons peu vu, mais il est vrai que ce
n’était pas encore la saison. Je n’ai pas nommé tous les
arbres fruitiers; pour ce qui est des plantes, arbustes
et arbres d’agrément, je me bornerai à dire qu’ils sont en
grand nombre; je dois cependant mentionner les hauts et
magnifiques cyprès qu'on peut considérer comme le principal
ornement de ces jardins. Le palmier n’y vient pas
à cause de l’élévation du couvent au-dessus du niveau de
la mer. On estime qu’elle est approximativement de
6,000 pieds. Aussi 1 hiver y est-il rigoureux. Lors de
notre arrivée, on: voyait encore dans les cours et partout
aux environs, des restants de glace et de neige. Pendant
les dejix nuits que nous avons passées dans la plaine
d Er-Rahah, nous avons eu l’eau de nos aiguières gelée.