est d’invention égyptienne ou s’il a été importé d’un autre
pays, je dirai que j ’en ai vu plusieurs en Europe. A Madrid,
c’est au moyen de plusieurs sakyèh que l’eau vient
alimenter les bassins du Betiro.
Le second moyen est le chadouf qui a été confondu
avec un autre nommé koum ou ombo. Je connaissais le
chadouf, car nous le trouvons dans tous nos villages où
il est employé pour puiser l ’eau dans les puits qui ne sont
munis ni d’une corde ni d’une chaîne. Nous nous en servons
aussi comme en Egypte, pour l’irrigation de terrains
situés sur les bords des rivières. Il consiste en une longue
perche mobile, reposant, par son milieu, sur un point fixe;
portant à l’une de ses extrémités, un poids plus ou moins
pesant, ordinairement une pierre ; donnant à l’autre extrémité,
attachée à un seau. Selon la hauteur de la berge D 9
plusieurs chadouf sont superposés. Le seau du premier
verse l’eau dans un réservoir d’où elle est puisée par
le seau du second, et ainsi de suite, jusqu’aux canaux
d’irrigation.
Le troisième, koum ou ombo, a été décrit sous le nom
de chadouf. « C’est, disent les auteurs de l’itinéraire de
l’Orient (i), une espèce de grande écoupe, souvent un
simple panier suspendu entre deux cordes comme une
espèce de baiançoir que fait mouvoir un homme placé
sur le côté. À chaque oscillation, l’écoupe s’emplit en
rasant la surface de l’eau, pour se déverser, au plus
(t) Itinéraire de l'Orient, par Joanne et Isambort.
haut point de sa course, dans une rigole disposée â
l’avance. «
Nous passâmes devant plusieurs villes et villages qui
ne méritent aucune attention. Abou-Girgèh est une
grande ville dans une belle plaine, mais elle ne présente
rien de particulier; on ne s’y arrête pas, à moins qu’on ne
veuille continuer jusqu’à Behnesèh, l’ancienne Oxyrin-
chus située à plus de trois lieues du Nil, à l’extrémité
de la plaine, au pied de la chaine libyque.
Samaloud est une ville dont l’intérieur n’a rien de remarquable,
mais vue d’une certaine distance, elle offre
un aspect réellement agréable. C’est, il faut en convenir,
l’impression que produisent presque toutes les villes de
l’Orient. Samaloud est dans une jolie plantation de palmiers
, et surmontée d’un haut et gracieux minaret que
son entonnoir ne dépare pas, comme cela n’arrive que
trop souvent.
A peine a-t-on dépassé Samaloud que la chaîne arabique
côtoie la rive même du fleuve jusqu’à la hauteur
de Minièh. Dans toute cette étendue, elle porte le nom
de Montagne de l’Oiseau, Gébel el-Taïr, à cause d’un
prétendu oiseau qui serait chargé de la garder. D’après
ce qui est rapporté dans divers ouvrages, et ce que nous
ont assuré plusieurs Arabes, tous les oiseaux de la
contrée, se réunissent sur cette montagne, y élisent un
des leurs pour la garder pendant toute une année. Cette
opération terminée, ils prennent leur vol pour l’Afrique,