ni accablants, ni dangereux, et que toutes les précautions
ont été prises pour éloigner les accidents auxquels
les ouvriers sont ordinairement exposés dans de semblables
conditions.
Nous traversâmes d’abord des plaines couvertes d’une
belle et riche végétation, mais après un trajet d’environ
quatre lieues, nous entrâmes dans le désert. Cependant,
sur les bords, nous trouvâmes encore un peu de culture,
et même quelques petits villages. Cette partie de la
Basse-Égypte n’a pas toujours été un désert ; bien au
contraire, dans les temps anciens, elle-était extrêmement
fertile. Il ne faut que de l’eau et des bras pour
lui rendre son état primitif. Le canal sur lequel nous
naviguions y porte aujourd’hui de l’eau en abondance;
aussi, partout où des hommes se sontétablis, ils on t,
au moyen de l’un ou l’autre système d’irrigation, rendu
à la culture des portions de terrain plus ou moins étendues.
Nous avons pu constater ceci sur toute la longueur
du canal.
La compagnie , par son contrat avec Said-Pacha, a
obtenu la concession d’une immense étendue de tetrain,
à charge seulement de payer les impositions sur les parties
rendues productives. Ainsi, elle est propriétaire de
l’isthme entier. Sa longueur, de la Méditerranée à la
mer Bouge, est de cent cinquante kilomètres ; sa largeur
varie, mais c’est Bans la partie traversée par le
canal d’eau douce, qu’elle est la plus grande. De sa
limite occidentale^ qui est marquée par un palmier, le
dernier qu’on rencontre jusqu’à la côte d’Asie, elle n’a
pas moins de soixante kilomètres.
Nous étions attendus pour y passer la nuit, dans un
palais ayant appartenu au Vice-Roi, et cédé maintenant
à la compagnie. Il était sept heures du soir" lorsque
nous y arrivâmes. Il ûst situé au centre d’un village
nommé Tell el-Kébir, qui occupe l’emplacement de l’ancienne
Phithom de la Bible, ville égyptienne bâtie par
les Hébreux avec des briques qu’eux-mêmes avaient dû
faire. Ædificaveruntque urbes tabemaculorum Pharaoni,
Phithom et Ramesses... Et ils bâtirent à Pharaon des
villes pour servir de magasins, savoir Phithom et Ra-
messès De cette ville, il ne reste rien que quelques
fragments de briques, et des débris de poteries éparpillés
sur divers monticules. Tell el-Kébir se trouve dans
une assez belle oasis nommée domaine de V Ouady, qui
doit à quelques sources d’eau vive, d’avoir conservé sa fertilité.
La terre est bien cultivée ; les arbres qui y croissent
sont le tamaris et l’acacia. Près du palais, il y a de
grandes plantations de mûriers.
La famille française qui s’était embarquée en même
temps | que nous, reçût également l ’hospitalité dans ce
palais, où un délicieux dîner avait été préparé. La réunion
était nombreuse; beaucoup d’employés de l’admi