ment, comme je l’ai déjà dit, des petits villages ; il y en
a même qui se logent dans les excavations sépulcrales
situées au milieu de la plaine. La plupart s’adonnent à
la culture de la terre rendue tellement fertile par les
débordements du Nil, qu’il suffit de la gratter un peu,
pour qu’elle donne de bonnes moissons. La terre ne
manque pas à des hommes qui se contentent de peu, et
qui ne se soucient pas de récolter plus que pour leurs
besoins. Dans la plupart des familles, il y a au moins un
âne pour servir de monture aux voyageurs qui viennent
visiter les ruines. On n’y trouve que peu de chevaux ;
quand on veut en avoir, on est très-souvent obligé de les
faire venir de Louksor.
Lorsque ces fellah ne sont pas employés aux fouilles,
ils ne savent réellement que faire ; aussi, à peine une
barque est-elle en vue, qu’ils accourent tous sur la rive,
soit pour louer leurs ânes, soit pour vendre des antiquités.
Beaucoup suivent les voyageurs par désoeuvrement,
et aussi dans l’espoir de quelque baghchich. Les enfants,
garçons et filles, se joignent à eux, et forment ainsi une
escorte fort importune.
Mon ânier écorchait quelques mots d’italien et on ne
saurait croire combien cette chétive connaissance m’a été
agréable. Lorsqu’on m’offrait de l’eau, il me disait : bona
aqua ou non bona aqua; c’était lui qui décidait si les an*
tiquités qu’on me présentait, étaient authentiques et de
quelque valeur. Voici comment il s’exprimait ■. authentico
et bono, authentico et non bono, non authentico. Pour me remercier
lorsque je lui donnais une pomme, une orange, etc.,
il s’écriait: bono doctor. Une toute jeune fille portant
sur la tête un vase rempli d’eau, me suivait partout parce
que je lui avais donné quelques friandises. Comme nous
marchions sur des terrains riches en fossiles, je lui fis
comprendre que je désirais en avoir, et elle en ramassa
une assez bonne quantité.
Les antiquités qu’on nous présentait, consistaient en
débris de momies humaines et de leurs caisses, momies
d’animaux, statuettes en terre, scarabées et divers autres
petits objets, En général, les prix sont très-minimes : une
momie de chat et une de renard m’ont été données pour
cinquante centimes chacune.
Parmi ces hommes qui nous suivaient, j’en remarquai
un qui tenait en main, une tête de momie humaine d’une
conservation parfaite. Tout était intact, les yeux, le nez,
les lèvres, etc. ; on aurait pu croire qu’elle avait été récemment
préparée, et cependant elle provenait d’un sarcophage
qui l’avait renfermée pendant environ quatre
mille ans. Il me semble que si quelque contemporain re-,
tenait sur la terre, il pourrait reconnaître dans cette tête,
un ancien ami, un parent, peut-être. J ’ai vu une quantité
de momies, non seulement'en Egypte, mais encore dans
les principaux musées, et je puis dire qu’aucune ne saurait
donner une idée du type de l’ancien Égyptien, tellement
la détérioration est complète. Toujours elles ne présentent