nistration étaient accourus pour saluer l’hôte illustre qui
venait les visiter. Ce palais, dont les vastes dépendances
étaient converties en magasins, servait d’habitation à un
employé supérieur, ingénieur français, arrivé depuis peu
avec sa femme et une jeune fille de quatorze ans. Nous
admirâmes la résignation de ces personnes habituées aux
plaisirs d’une grande ville et qui, néanmoins, se trouvaient
heureuses, seules au milieu d’un désert.
Le 28, avant de prendre place dans les barques, nous
eûmes le spectacle d’une fantasia exécutée par quelques
Arabes qui déchargeaient une carabine pendant que leurs
chevaux galoppaient. A huit heures, nous continuâmes
sur le même canal qui abandonne bientôt l’ancien lit
pour suivre un tracé nouveau.
En quittant le domaine de l’Ouady, nous entrâmes sur
cette fameuse terre de Gessen si célèbre dans l’histoire
du peuple juif, car c’est celle que Pharaon assigna pour
demeure et donna en possession à Jacob et à sa famille...
Joseph patri et fratribus- suis dédit possessionem in
Ægvpto in optimo terræ loco Ramesses, ut præceperat
Pharao. Joseph, selon le commandement de Pharaon ,
mit son père et ses frères en possession de Ramessès
dans la partie la plus fertile de l’Egypte (h). Elle abondait
surtout en pâturages, ce qui lui a mérité le nom
de terre de Gessen, qui signifie terre des Pasteurs. Au-
(d) Genèse, ch. XLVII, vers. H.
jourd’hui, elle n’est plus qu’un vaste désert sablonneux,
dépourvu de toute végétation, excepté le long du canal,
sur quelques points que l’eau du Nil vient de rendre
à la culture.
Le canal est interrompu par le lac Maxama, qui a
environ une lieue en tous sens. Nous le traversâmes à
la voile et à la rame. Comme nous nous disposions à
déjeûner, on vint nous dire que les cantines ou paniers
aux vivres, étaient égarées. Cependant, on en trouva une,
mais son contenu partagé entre nous tous, était bien insuffisant.
Il fallut néanmoins s’en contenter; mais heureusement
que M. Eïd, qui est un homme extrêmement
prévoyant, nous apporta les pâtisseries restant de la
soirée de la veille.
Vers trois heures, nous nous arrêtâmes en un de
ces lieux célèbres dans l’histoire du peuple juif. Nous
avions à notre gauche, des monticules couverts d’une
quantité de poteries brisées, de fragments de granit, etc.;
à notre droite, d’immenses briqueteries exploitées par la
compagnie'. Ces monticules répondent à l’emplacement
de la Ramessès de la Bible, de l’Héroopolis des Grecs ;
aujourd’hui, ils portent le nom de Tell el-Masrouta. J ’ai
rapporté plus haut un verset de l’Exode qui met cette
ville au nombre de celles qui ont été bâties par les
Israélites ; c’est aux habitants de Ramessès que ceux-ci
empruntèrent des vases d’argent, d’or, et beaucoup d’habits;..
Et petierunt ab Ægyptiis vasa argentea et aurea,