Korosko, pour y faire du charbon. Plusieurs caravanes
étaient attendues ; il s’en formait pour partir incessamment.
Nous nous sommes promenés dans le village, nous
avons parcouru les divers campements.
Wadi-Séboua, vu du flpuve, offre un aspect majestueux.
Je ne m étonne pas qu on 1 ait considéré comme
une des belles ruines de la Basse-Nubie et qu’on en
trouve des photographies, non-seulement, au Caire et à
Alexandrie r mais encore dans les principales villes de
l ’Europe. Après une heure de marche, nous avons vu
trois crocodiles, deux ensemble, le troisième à une petite
distance. Plusieurs balles dirigées contre eux, n’ont pii
que les effrayer et les faire disparaître.
Le 13, partis à six heures du matin, nous passâmes
sous le tropique, vers dix heures. Il était quatre heures,
lorsque nous arrivâmes devant l’île de Philæ. Son Altesse
Royale, M. Scanavi et moi, nous avons de nouveau
visité les ruines ; nous sommes montés sur les terrasses
du grand temple et de la masse gauche de son second pylône.
J ai pu très-facilement constater le prolongement
des ombres des corniches sur les murs des monuments.
M. Scanavi qui avait absolument voulu nous suivre,
pouvait à peine se traîner ; son pied dont il ne souffrait
presque plus, s’était considérablement tuméfié et
était devenu très-douloureux. Il avait hâte de rejoindre le
vapeur, résigné à rester dans sa cabine pendant le reste
du voyage. Pour retourner à Assouan, nous suivîmes,
sans nous arrêter, la route à travers les rochers et les
carrières. Il était très-tard lorsque nous entrâmes dans
la ville.
Nous y trouvâmes M. Brugman , mon compagnon
de cabine, pendant la traversée de Marseille à Alexandrie.
Il faisait le voyage du Nil avec un savant archéo-
loguë qui s’était embarqué avec nous à Marseille.
La journée du 14 fut entièrement employée à faire
du charbon et des vivres, à réparer la machine qu’un
accident avait endommagée.
Pendant toute la matinée, je parcourus les bazars
avec l’interprète Prospère. Plusieurs marchands m’engagèrent
à me reposer et m’offrirent le café. Devant chaque
étalage, étaient des espèces de bancs en forme de paniers
à cMre-voié. J achetai divers petits objets en terre
cuite, quelques corbeilles et plateaux en paille tressée.
Un de ces marchands m’ayant suivi jusque près du
vapeur, me dit qu il pouvait céder à des prix extrêmement
avantageux, plusieurs jeunes négresses très-convenables
pour un harem. Je lui répondis que les Chrétiens ne
tenaient pas de harem, n’avaient qu’une seule femme
qu ils n étaient pas obligés d’acheter; que pour rien
on pouvait, chez eux, en trouver facilement, et qu’il
y avait même un très-grand choix. C’est vrai, je n’y
pensais pas, répliqua-t-il avec une certaine ironie ; vous
n’achetez pas vos femmes, ce sont elles qui vous
achètent. Nous, Mahométans, nous achetons nos femmes,