Toute la descente, depuis le grand plateau jusqu’au
couvent, n’est pas trop pénible. Je l’opérai à l’aide de
mon bâton et d’un seul Arabe qui me donnait la main
dans les passages les plus difficiles. Il était quatre heures,
lorsque nous arrivâmes au couvent où nous entrâmes par
une petite porte pratiquée dans le mur de la cour, du
côté de la montagne.
J ’ai trouvé un assez grand nombre de plantes, quelques
arbres et arbustes, sur les divers points du Sinaï. Voici
ce que j ’ai pu déterminer : une bétoine à tige très-élevée,
la molène thapsoïde, une borraginée à fleurs jaunes, le
fenouil, beaucoup de coloquintes, une armoise, la santo-
line, des genêts, des tamaris mannifères. J ’ai parlé du
cyprès planté par Elie.
Rentrés au couvent, nous nous rendîmes d’abord à
l’église où un moine nous montra un morceau de la pierre
sur laquelle Jésus s’est assis pendant l’entretien qu’il
eut près d’un puits avec la Samaritaine. C’est un fragment
de granit de la grosseur de deux poings. Il est
conservé dans une espèce de bourse qui fut ouverte et
fermée en notre présence. Nous parcourûmes tout le
couvent, et visitâmes les vingt-quatre chapelles qui autrefois
appartenaient à «diverses communions chrétiennes.
La plus remarquable est celle à laquelle on a donné le
nom de chapelle de Vhuile sainte. » Dans une excavation
du rocher située sous l’autel, existait une source d’huile
suffisante pour les besoins du couvent. Cette source est
tarie depuis longtemps. Dans un reliquaire placé sur
l’autel, on conserve une petite quantité de cette huile.
J ’inscrivis mes nom, prénoms, etc., sur un registre
destiné à conserver le souvenir des étrangers qui ont visité
le Couvent. Bien peul’avaiènt signé avant moi. Le dernier
qui y avait apposé son nom, était M. l’avocat Verhaeghe
de Gand, le même que nous avons rencontré à Thèbes. Il
avait quitté le Sinaï la veille de notre arrivée. Lorsque je
pris congé des bons- pères, ils me donnèrent deux petites
médailles en plomb, et le diplôme de pèlerin inscrit au bas
d’une grande image représentant sainte Catherine ayant
à sa droite la montagne de Moïse, à sa gauche, celle qui
porte son nom.
Le 9, vers sept heures du matin, quelques moines sont
venus souhaiter un bon retour à Son Altesse Royale, en
même temps que les canons du couvent tiraient une salve
de vingt et un coups. Nous partîmes à sept heures et
demie, prenant le même chemin que nous avions suivi en
venant. Deux religieux que l’évêque du Sinaï avait envoyés
du Caire pour annoncer notre arrivée, nous accompagnèrent
afin de rejoindre leur couvent. Après avoir traversé la
plaine d’Er-Rahah, nous nous engageâmes dans la vaïlée
ou défilé qui la sépare de celle où nous avions trouvé un
campement de Bédouins. Ils y étaient encore. Nous déjeunâmes,
comme la première fois, devant leurs huttes,
et vers trois heures nous nous remîmes en route. Après
trois quarts d’heure de marche, nous arrivâmes à l’entrée