notre musique peu harmonieuse. C’est ce que nous a franchement
avoué un de cps artistes dont les succès lui ont,
mérité le surnom de professeur. M. le vicomte Zizinia qui
est un véritable appréciateur, un excellent musicien, nous
a fait les plus grands éloges de ses talents.
Lorsque les chants eurent enfin cessé, les danseuses
parurent. Deux étaient jeunes et belles, particulièrement
une qui se nommait Bimbé. La troisième était plus âgée
et horriblement laide. Elles.portaient des colliers et des
bracelets chargés de pièces de monnaie en or. Elles étaient
très-légèrement vêtues, cependant on ne pouvait réellement
rien trouver d’indécent dans leur mise. Les deux
pièces principales du vêtement consistaient en une taille et
un jupon. Ce dernier ne remontait que jusqu’à la hauteur
des hanches. Une partie du ventre et des reins n’était recouverte
que d’une étoffe presque transparente. Toutes
les danseuses portent à peu près le même costume ; seulement,
il est plus ou moins élégant, plus ou moins
riche. Quelques-unes ont une espèce d’écharpe très-
large qu elles déploient, qu’elles agitent, dans certains
mouvements.
Ce n est pas une véritable danse qu’elles exécutent.
Leurs exercices consistent en une marche cadencée avec
mouvements de certaines parties du corps, pendant que
des musiciens font entendre leurs monotones et discordants
instruments. Ainsi, les muscles du cou se contractent
fortement, tandis que la tête et le tronc restent
immobiles. Ce qui est beaucoup plus étonnant encore,
c’est le mouvement imprimé au ventre et aux hanches,
bien que les jambes et la poitrine ne bougent pas.
Beaucoup de danseuses agitent au-dessus et autour de
leur tê te , des petites cymbales en cuivre fixées au pouce
et au médius. Elles exécutent plusieurs espèces de danses,
toutes plus ou moins lascives. Il en est une pour laquelle
elles feignent toujours d’avoir une répugnance qu’il n’est
pas difficile de vaincre. C’est Xabeille ou la danse des
guêpes. On sait en quoi elle consiste.
Ces femmes ne boivent que des liqueurs fortes, particulièrement
une espèce d’anisette nommée raclii. On
finit presque toujours par les enivrer, et c’est alors
qu’elles deviennent d’une pétulance qui amuse quelquefois
, mais qu’on peut trouver par trop brutale.
Nous nous sommes retirés avant qu’elles en vinssent
à ce degré d’excitation, peu curieux d’assister à des ébats
réprouvés par la morale et la saine raison.
On dit que ces danseuses ont existé en Egypte dès
l’antiquité la plus reculée. Je ne puis le révoquer en
doute, car à Thèbes, dans un des tombeaux des rois ,
deux femmes sont représentées dansant, et je dois ajouter
que leur costume est absolument le même que celui des
danseuses d’aujourd’hui. On voit aussi des peintures semblables
, mais peut-être plus expressives encore , dans les
hypogées de Béni-Hassan.
On trouve des danseuses dans toute l’Egypte, même