est effrayante, car on se sent balancé dans l’espace, et
on se croirait sur le point d’être emporté au loin. Mais
lorsqu’on est parvenu au sommet, on est bien dédommagé
des transes, des frayeurs qu’on a éprouvées. On ne
peut se figurer combien est admirable ce qui s’offre
alors aux regards. La vue s’étend à une immense distance;
les pyramides de Gizèh paraissent comme si elles
étaient situées à moins de vingt minutes.'
La mosquée de Mohammed-Ali est le monument; le
plus remarquable de la citadelle. On la distingue uu
loin par sa large coupole, mais surtout par ses deux minarets
grêles, élancés, qui sont hors de toute proportion
avec le reste de l’édifice. A l’intérieur est une galerie
fermée, soutenue par une rangée de colonnes et réservée
pour le Vice-Roi qui ne peut être vu lorsqu’il vient faire
sa prière.
Les piliers qui soutiennent la coupole, sont massifs et
disgracieux. Les fenêtres ressemblent assez à celles d ’une
salle de concert, par leur forme carrée et nullement en
rapport avec le style adopté par l’architecte. Nous ne
nous attendions certainement pas à trouver dans un
semblable lieu, des vilaines lanternes, un méchant lustre
suspendu sous la coupole. La base des piliers et des
murs est ornée d’un bel albâtre oriental ; des peintures
imitant cette pierre, recouvrent les parties supérieures.
Le tombeau de Mohammed-Ali est situé dans une
petite chambre à droite de la porte. Il est en marbre blanc
recouvert d’un drap noir avec broderies en or. C est une
masse rectangulaire supportant un sarcophage.
Au milieu de la cour, est la fontaine aux ablutions, de
forme octogone, peu élégante. La galerie qui occupe
trois côtés de la cour, est surmontée d’une tour carrée
bariolée de n o ir, chargée de dorures, et portant une
horloge donnée à Mohammed-Ali par Sa Majesté Louis-
Philippe.
Pour être admis dans cette mosquée, nous avons été
obligés de nous laisser mettre des chaussons en drap , et
assez larges pour ne pas devoir ôter nos souliers.
Une curiosité de la citadelle, est ce fameux puits de Sa-
ladin, nommé Puits de Joseph. Creusé par SalaÜin, il a été
attribué à Joseph fils de Jacob, sans doute parce qu’on
n’a pas oublié qu’il a été la providence de l’Egypte. Le
peuple a pensé que celui dont la sollicitude l’avait préservé
de la faim, a dû aussi soigner à ce qu’il ne souffrît
jamais de la soif. Ce puits est creusé dans le rocher ; sa
profondeur est de cent mètres environ, et ses eaux sont
au niveau de celles du Nil. On y descend par un escalier
en limaçon, très-facile, et ses eaux sont élevées jusqu’à
la surface du sol, au moyen de deux manèges dont
un est placé sur un palier qui sépare l’escalier en deux
étapOes.
Sur l’esplanade, près de la mosquée de Mohammed-
Ali, sont des décombres, des fragments de colonnes ,
restes de l’ancien palais de Saladin.