était amère. C’est pourquoi, on lui donna un nom
qui lui était propre, en l’appelant Mara, c’est-à-dire
amertume.Mais Moïse cria aù Seigneur, lequel lui montra
un certain bois qu’il jeta dans les eaux, et les eaux
d’amères qu’elles étaient, devinrent douces. Et venerunt
in Mara, nec poterant bibere aquas de Mara, eô quôd
essent amaræ : unde et congruum loco nomen imposuit,
vocans ilium Mara, id est, amaritudinem : at ille clamavit
ad Dominum qui ostendit ei lignum : quod cùm misisset
in aquas, in dulcedinem versæ sunt (î). J ’étais heureux
d’être enfin arrivé, car je dois l’avouer, je commençais à
m’inquiéter de devoir errer aussi longtemps dans le désert,
sans savoir réellement où je me trouvais. Si une
boussole permet de nous orienter, elle n’indique pas la
position des lieux. Ce fut donc avec bonheur que j’entrai
dans l’oasis où sont les fontaines. .Elle n’est pas très-
éloignée du bord de la mer, mais il serait difficile d’v
arriver en suivant la côte ; il faut prendre par le désert ;
d’ailleurs, le chemin serait plus long.
La végétation de cette oasis est admirable. iJ’étais
heureux au milieu de ce beau groupe de palmiers; je n’en
avais plus vu depuis notre entrée sur les terres concédées
à la Compagnie de l’Isthme. L’oasis est divisée en cinq
grands jardins disposés sur une ligne du nord au sud,
chacun avec une maison occupée par des Arabes. Les
(1) Exode, ch. XV, v. 23 et 25.
puits sont au nombre de‘vingt et disséminés dans les
cinq jardins. Ils ont la forme de larges bassins de trois à
quatre mètres de diamètre, et sont entourés d’une maçonnerie
grossière. Dans la plupart, l’eaü est gâtée, mais
cela provient de ce qu’ils ne sont pas bien entretenus.
Cette eau n’est pas ce qu’on peut réellement appeler
saumâtre, mais corrompue par des matières organiques
en décomposition. Celle d’un des puits situés dans le
premier jardin, est, je ne dirai pas excellente, mais très-
potable. J en ai bu, et je m’en suis fait préparer du café
qui m’a paru assez bon.
Outre le dattier, j’ai trouvé en ce lieu, le tamaris,
1 orangeraie buis, des acacias, le grenadier, des vignes,
le citronnier, le jasmin très-odorant, le lis blanc, beaucoup
de rosiers, des aloès, une menthe crépue, le soleil
à grandes fleurs, des oeillets, plusieurs autres plantes et
arbustes. On y cultive aussi diverses espèces de beaux
légumes, tels que, des raves, des concombres, des laitues,
des fèves, des carottes. Celles-ci étaient excellentes et de
couleur jaune, pourpre, violacée. J ’en ai mangé quelques
unes ; avec des dattes sèches, elles ont constitué le
léger repas que j ’ai fait aux fontaines, et dont j’avais
grand besoin après une course longue et fatigante. Je
me reposai sous un berceau entouré de trois côtés, d’un
divan en terre et d’un mur d’un mètre et demi de hauteur,
tout couvert d inscriptions grecques et arabes ; une
belle treille le complétait. Pendant que j’étais à prendre