Les religieux du couvent m’ont donné une certaine quantité
de cette manne; comme j ’ignorais ses propriétés
hygrométriques, je ne pris pas les précautions nécessaires
pour la soustraire au contact d'e l’air, et je fus tout étonné
de ne plus trouver dans le bocal qui la contenait; qu’un
épais mucilage.
Malgré nos bonnes tentes, nous eûmes froid pendant
la nuit; c’est que nous étions déjà sur un point fort
éle%é.
Le 6. Comme nous avions une longue marche à faire,
nous partîmes à six heures du matin. Nous nous engageâmes
dans un ravin profond où nous devions, à chaque
instant, mettre pied à terre, à cause des blocs de toute
grosseur qui encombraient le chemin. Bientôt'il devint
impraticable, et nous fûmes obligés de gravir les rochers
qui s’élevaient sur notre droite. "Nous marchâmes ainsi
pendant deux heures, ne concevant pas comment nos
montures, les chameaux pesamment chargés, pouvaient
se soutenir sur les pentes roides et étroites au-dessous
desquelles étaient des abîmesî profonds. J ’observai une
grande quantité de roches ; les grès avaient disparu,
mais le granit et le talc prédominaient. L’arkose, le trapp,
le trachite, le gneisse, le micasihiste, diverses espèces de
porphyres, entre autres le noir, se trouvaient en fragments
de moyenne grosseur, et épars sur le sol. Enfin,
nous débouchâmes dans une grande plaine coupée en
deux parties inégales par le rapprochement dès rochers
dont l’écartement a, si je puis me servir de cette expression
, élargi la vallée. Après trois quarts d’heure de
marche, nous parvinmes à un endroit où est une source
d’eau vive. Une troupe de Bédouins nomades y campait;
leurs huttes construites en nattes soutenues par des
branches d’arbres, étaient adossées au rocher. Les hommes,
en ce moment, faisaient paître leurs troupeaux dans les
environs; nous ne trouvâmes donc que des femmes, des
enfants et quelques vieillards. Je parcourus le campement;
on ne parut guère s’inquiéter de notre présence.
Plusieurs chiens étaient couchés, et ne bougèrenbpas,
même lorsque je m’approchais de très-près.
C’était la première fois que nous rencontrions des nomades.
Depuis notre départ de Tor, nous n’avions plus
vu aucune habitation; cependant, toute l’étendue du pays
que nous traversions, n’est pas sans habitants, mais ils
sont sans demeures fixes. On nous a assuré que, bien que
nous n’ayons remarqué personne sur notre route, nous
étions passés tout à côté de plusieurs chasseurs et pasteurs
qui n’avaient pas jugé convenable de se laisser voir.
Tout le pays abonde en gazelles, chacals, marmottes;
nous avons rencontré plusieurs compagnies de perdrix
rouges. Elles ne se laissaient pas facilement approcher,
cependant on a pu en prendre quelques-unes.
■La plaine où nous nous trouvions, est dominée par le
Gébel-Serbâl, énorme base surmontée de cinq pics, qui
s’étend du nord au sud-ouest. Elle est en grande partie