Elle consistait en une mauvaise baraque en planches
dans une allée de l’Esbékyèh , et exploitée par une
troupe qui n’a pu y faire des affaires. Lorsque nous
sommes arrivés au Caire, on y jouait encore, mais bientôt
le directeur a fait faillite, et les malheureux artistes
se sont trouvés sans ressources.
Les principaux hôtels du Caire sont situés sur cette
place. On peut recommander l’hôtel des Princes, l’hôtel
d Orient, comme .étant, sous tous les rapports, on ne
peut plus confortables. On y voit encore la maison où
Napoléon Bonaparte avait" établi son état-major, et celle
où Kléber a été assassiné.
A l’Esbékyèh, stationnent des voitures de place, des
âniers ; ôn y trouve toujours des musiciens ambulants,
des jongleurs, et toute espèce de saltimbanques.
Le quartier franc fait suite à la place de l’Esbékyèh.
Il se nomme le Mousky, et est traversé par une longue
et large rue percée par Mohammed-Ali. C’est particulièrement
dans cette rue que les Européens exercent leurs
professions et industries, ont établi leurs magasins et
étalages. On y trouve à peu près tout ce qu’on peut
désirér : des pharmaciens, des libraires, des photographes,
des bijoutiers, des horlogers, des antiquaires, des tailleurs
, des cordonniers, des coiffeurs, des magasins
d’étoffes et confections, etc., etc., etc. Plusieurs bons
hôtels sont aussi dans ce quartier ; je nommerai, entre
autres, ceux des Pyramides, du N i l , de la Belle Grèce.
La poste aux lettres est située dans la grande rue du
Mouski, près d’une place et à proximité du café de
l'Europe, le seul bien tenu de tout le Caire et où on
peut toujours entrer sans s’exposer à être en contact avec
ces misérables qu’on rencontre à l’Esbékvèh.
Mes intentions ne sont pas de donner une description
du Caire ; cette ville est maintenant parfaitement connue.
Je rappellerai seulement qu’il est divisé en quartiers
qu’on fermait jadis le soir, mais qui ne le sont
plus guère aujourd’hui. Je viens de parler du quartier
franc; chaque nation a le sien. Les Arabes, les
Turcs, en ont même plusieurs, car le nombre des quartiers
est très-grand; il s’élève à plus de cinquante. Au
Caire, ainsi que dans toutes les autres villes de l’Egypte,
il n’y a pas de réverbères ; on ne peut donc sortir le soir
et la nuit, sans se munir de lanternes.
Si on en excepte le quartier franc dont les constructions
ressemblent assez à celles de certaines villes de
l’Italie, tous les autres sont composés d’un plus ou moins
grand nombre de ru e s, la plupart très-étroites, tortueuses,
obscures par l’élévation des bâtiments. Les maisons
des mahométans qui ont fait le pèlerinage de la
Mecque, ont leurs devantures bariolées de diverses couleurs,
et couvertes de peintures grossières. Le Caire, en
un mot, est une ville orientale dans toute l’acception
du mot, seulement elle se distingue par sa .plus grande
étendue et la magnificence de beaucoup de ses mosquées.