en or aux lobules , en avait un au pavillon droit. Cette
enfant paraissait appartenir à une famille assez aisée,
car elle portait encore un collier qui devait être d’une
assez grande valeur. Parmi les femmes nubiennes, quelques
unes avaient une des ailes du nez percée d’un large
anneau en or. Ces diverses familles de marchands traînaient
à leur suite, des esclaves nègres, mais elles nous
assuraient qu’elles ne voulaient pas les vendre, qu’elles
s’en servaient comme hommes de peine.
Plus bas que ce village , nous quittâmes le bord du
Nil, et prenant sur notre droite, nous nous engageâmes
entre les carrières pour rejoindre le chemin que nous
avions suivi le matin. Parmi ces rochers qui se trouvaient
sur notre route, il y en avait un très-élevé, du
haut duquel on peut voir la cataracte dans toute son
étendue. Nous le gravîmes, non sans difficulté, car la
pierre était recouverte d’une si grande quantité de sable,
que nos montures ne pouvaient pas s’en tire r, et que
nous fûmes obligés de mettre pied à terre. Nous passâmes
près de tombeaux très-anciens, mais presque entièrement
ensablés. Cette ascension est fatigante, mais
arrivé au sommet, on jouit d’une vue admirable, On a
à ses pieds, la cataracte aVee ses sauts, ses rapides. C’est
un spectacle gtandiose et imposant, surtout lorsqu’on
considère les rochers qui paraissent disposés dans le
fleuve et le long de ses bords, de manière à rendre l’entrée
de l’Egypte difficile en cet endroit. Ce n’est pas
sans raison que la première cataracte a été appelée une
des portes de l’Egypte, car avec les barrières naturelles
qui s’y trouvent, une poignée d’hommes pourrait y arrêter
une grande armée.
Une remarque que j ’ai faite lorsque nous remontâmes
et descendîmes la cataracte, c’est que dans certains endroits,
on voit, à la hauteur de plus de vingt-cinq pieds,
des traces manifestes du passage des eaux du Nil. En
effet, ce fleuve seul a pu déposer ces couches de limon
disposées en stratifications horizontales.
Il est un fait bien établi, c’est que la cataracte n’a pas
toujours été ce que nous la voyons ; les chutes d’eau
étaient jadis très fortes et leur bruit s’entendait à plusieurs
lieues de distance. Aujourd’hu i, la plus forte chute n’a
pas plus de cinq, à six pieds, et pour en percevoir le bruit,
il faut être assez près des bords. Pour expliquer cette
différence, on doit nécessairement admettre que le niveau
du Nil s’est abaissé par suite de la destruction, de l’usure
des rochers qui en entravent le cours. Mais malgré le
grand nombre de siècles qui se sont écoulés, on ne conçoit
pas comment le passage des eaux aurait pu produire une
usure aussi considérable, surtout si l’on considère l’extrême
dureté de ce granit. La main de l’homme a pu ici
venir en aide aux causes naturelles, cependant l’aspect
uni, arrondi, des rochers qui forment la cataracte, indique
un, long passage des eaux et diffère totalement de ce
qu’aurait dû laisser l’emploi de divers instruments.