soutenait dans leurs travaux gigantesques pour élever à
leurs dieux, des temples en dehors de toute proportion,
non-seulement avec les demeures des particuliers, mais
encore avec les palais des souverains. Si nous retrouvons
quelques-uns de ces derniers, c’est parce qu’ils étaient
eux-mêmes une dépendance des temples. Le Ramesseïon
de Thèbes est le seul monument qu’on peut considérer
comme un palais indépendant d’un temple, mais encore
il est tellement ruiné, qu’on n’oserait rien affirmer à cet
égard. Il est une vérité bien de nature à faire réfléchir
ceux qui voudraient éteindre ce sentiment, base de tout
progrès, de toute civilisation, c’est que les seuls monuments
qui nous soient restés, de tous les temps, de
toutes les nations, sont des temples et des tombeaux;
des temples, consacrés à la divinité, quelquefois, il est
v ra i, représentée par d’absurdes idoles ; des tombeaux à
renfermant des corps qu’on ne considérait pas comme une
simple matière vouée à la décomposition, mais comme
devant continuer à entretenir certains rapports avec les
esprits qui les. animaient pendant la vie. Ainsi, tous ces
monuments témoignent de la croyance des peuples en
l’existence d’un Dieu qui doit-être craint et vénéré, et
en l ’immortalité de l’âme.
C’est la foi, dit-on,, qui a élevé nos cathédrales, qui
ne sont pas l’oeuvre d’un homme et même d’un siècle.
Alors, on ne cherchait pas à aller vite afin de pouvoir
contempler son propre ouvrage. L’homme ne se considérait
que comme un instrument ; peu lui importait s’il
devait voir ou non des monuments qui n’étaient pas faits
pour lui, et dans lesquels on ne peut pénétrer que pour
s’humilier et reconnaitre son néant. Maintenant, on construit
à la hâte ; il faut, en quelques années, achever ce
que l’on a conçu de plus grandiose; mais de ces monuments,
il ne restera rien pour les siècles futurs ; tous
s’écrouleront avec la même rapidité qui a présidé à leur
élévation. C’est que, aujourd’hui, on travaille pour soi,
on veut jouir et On n’a pas d’autre pensée. Mais, aussi,
notre foi est faible; beaucoup vivent comme s’ils ne
croyaient pas ; quelques-uns même, sous prétexte de civilisation
et de progrès , propagent les principes les plus
subversifs, réunissant ainsi tous leurs efforts pour voir la
la société retomber dans la barbarie. Cependant, le véritable
bonheur ne peut résider qu’en la croyance en un
Diëu rémunérateur, et en l’immortalité de l’âme. C’est
ce qu’a bien exprimé Chateaubriand, quand il dit :
" Heureux, trois ou quatre fois heureux, ceux qui croient !
ils ne peuvent sourire sans compter qu’ils souriront toujours
; ils ne peuvent pleurer sans penser qu’ils touchent
à la fin de leurs larmes. Leurs pleurs ne seront point
perdus, la religion les reçoit dans son urne et les présente
à l’Éternel (t). «
Le 12, dahs la matinée, nous avons relâché à
(1) Génie du Christianisme. — Harmonies morales.