Je parcourus la ville et surtout les bazars où j ’achetai
quelques objets, particulièrement des chasse-mouohes à
manches en ivoire d’un travail délicat.
Le 17, nous sommes partis à six heures du matin, et à
midi nous étions à Bellianèh, où nous devions nous arrêter
pour aller visiter les ruines d’Abydos situées à trois
lieues dans la plaine, au pied de la chaîne Iibyque, à côté
d’un village nommé Arabât et ombragé par quelques
groupes de.palmiers. Abydos était autrefois arrosé par
un bras du Nil qui se rendait au lac Maréotis. Aujourd’hui
ce bras est entièrement desséché, bien qu’on en reconnaisse
encore le lit. Cette ville était réputée sainte,
parce qu’on croyait généralement qu’Osiris y avait son
tombeau. Elle était pour les anciens Égyptiens, ce que
la Mecque est maintenant pour les Musulmans.- Beaucoup
d Égyptiens voulaient y avoir leur sépulture, ce qui a
donné à sa nécropole une très-grande étendue.
Des décombres, des ruines, des débris de murs en
briques, trois temples, une nécropole... Voilà tout ce
qui reste de la ville. Le plus remarquable de ces temples
est le Memnonium. Cette appellation était particulièrement
réservée aux édifices cônsacrés aux divinités funéraires.
Enfoui presque entièrement sous le sable, son
intérieur a pu cependant être à peu près déblayé. Il est
composé dé plusieurs chambres, dont les plafonds sont
formés par d’énormes blocs de calcaire taillés en voûte.
Leürs parois sont couvertes d’inscriptions , de figures
, peu détériorées et peintes en couleurs des plus vives.
Le vert prédomine et est d’une conservation admirable.
.. Un peu au nord , est un second temple consacré à
Osiris, et qui, croyait-on, contenait son tombeau. Il parait
qu’il était d’une grande magnificence. Aujourd’hui,
il n’en reste plus que des ruines recouvertes de sable,
de' sorte qu’il est difficile de se faire une idée de son
ensemble. On sait que c’est sur une de ses parois qu’a
été trouvée, en 1818, l’inscription connue sous le nom
dé tabled’ Abydos et qui a été transportée au Musée Britannique.
Cette table contient la liste des rois qui ont
régné êit Égypte avant Ramessès II.
Un troisième temple, qui était aussi entièrement en-
. foui sous le sable, vient d’être déblayé par les soins de
Mariette-Bey. Il portait le nom de Séti I , dont on retrouve
lé cartouche dans une chambre sur les parois de
laquelle est représentée une procession des provinces de
l’Égypte défilant devant le Roi. Ces provinces étaient au
nombre de cinquante-deux.
Ces divers monuments étaient construits en partie avec
des blocs de calcaire, en partie avec du grès. Les maisons
étaient en briques, ce dont on peut s’assurer, non
seulement par les ■ décombres qui couvrent le sol, mais
encore par .des restes assez bien conservés pour qu’on
puisse se faire à .peu près une idée de l’ensemble.
La nécropole est située au nord de la ville. On ne va
pas ordinairement la visiter,, parce qu’elle ne présente
rien d’iiitéressant.