
 
		est  soldat  et  qu’il  doit  défendre  son  pays,  est  brave  et  
 courageux,  comme  on  a  pu  s’en  convaincre  sous Mohammed 
 Ali ;  mais  il  aime  sa liberté  et on  n’en a jamais  
 vu  un  seul  se  présenter  pour  servir  comme  volontaire.  
 Les  soldats,  du  reste,  ont  une  vie facile  et  sont  de la  
 part  du  souverain,  l’objet  d’une  sollicitude  toute  particulière. 
   Ils sont  bien logés,  bien  nourris,  et  ne  sont  astreints  
 qu’à apprendre leur exercice et monter la garde.  Ce  
 genre de vie est bien différent de celui qu’ils menaient  dans  
 leurs familles, mais  où ils se trouvaient libres et  heureux. 
 Saïd-Pacha  affectionnait  beaucoup  ses  soldats.  Pendant  
 que  le  choléra  sévissait,  il  donna  les  ordres  les  
 plus  sévères  afin  que  rien  ne  leur manquât;  on pouvait  
 même  venir  prendre  pour  eux,  dans  sa  cuisine,  les  
 mets destinés  à sa table. 
 Il  était  tellement persuadé  que  ses  soldats le  payaient  
 de  retour, qu’il  se  vanta,  un jour, que  s’il les  congédiait,  
 pas  un  seul ne  voudrait  le  quitter.  Comme  il  s’aperçut  
 qu’on  paraissait  douter  de  ce  prétendu  attachement ,  il  
 n’hésita pas à faire publier  qu’il était libre  à tous ceux  qui  
 le désiraient,  de retourner dans leurs familles. Mais qu’ar-  
 riva-t-il  ?  Pas  un  seul  ne  resta.  Cependant,  comme  le  
 pays ne pouvait  pas rester  sans une  force  armée,  contre-  
 ordre  fut  immédiatement  donné,  et  des  cavas  envoyés  
 dans  toutes  les  directions,  devaient  arrêter  et  faire  rétrograder  
 ces  pauvres  diables,  qui  croyaient  être  rendus  
 à   la  liberté. 
 La  végétation  à  Alexandrie et  les  environs,  est  variée  
 et  admirable.  Le  dattier,  ce  magnifique  palmier  qui  
 atteint jusqu’à  un  mètre de  circonférence,  est réellement  
 la  providence  de  l’Égyptien.  Son  fruit,  sain  et  nourrissant, 
   est  un  aliment  agréable ;  son  bois  poreux  et  léger  
 se prête  facilement  au  travail  du  menuisier  et  du charpentier  
 ;  ses  débris fournissent un bon  combustible ;  avec  
 ses  feuilles,  on  fait  des  paniers,  des  couffes  et des nattes ;  
 et  avec  le  réseau  de  ses  feuilles,  de  bons  cordages  peu  
 coûteux (î). Le  sycomore,  le  tamaris,  l’acacia,  atteignent  
 aussi  de  fortes  proportions.  Le  sycomore,  de  même  que  
 le  dattier,  donne, une  grande  quantité de  fruits.  Ils  ont  
 l’aspect  de  la  figue,  et  lorsqu’ils  sont  parvenus  à  maturité, 
   leur  couleur  est  rougeâtre,  leur  saveur  douce  et  
 fade.  Lès  Arabes  en  sont  très-friants. 
 L’opuntia  ficus  indica  (raquette,  nopal),  ce  cactus  que  
 nous  avons  vu  si  abondant  en  Sicile,  où  il  forme  des  
 haies impénétrables,  se  trouve  partout  et sert aux mêmes  
 usages.  Il y  a  aussi  des  platanes,  mais  ils  sont  importés  
 d’Europe. 
 Dans  les  jardins,  les  enelps,  on  cultive  le  bananier,  
 l’oranger,  le citronnier,  le  figuier,, le pêcher,  l’abricotier,  
 le  pommier,  le  poirier,  le  pistachier,  le  grenadier,  la  
 vigne,  un  arbuste  (kista)  qui produit  un  fruit  délicieux  
 nommé  pomme  de  crème.  Le  fraisier  donne  de  bons  et 
 (1 ) OJiampollion-Figeac.  Égypte.