termes de marine, le violon est un appareil composé
de chevalets et de cordes destinées à assurer assiettes,
verres, bouteilles, etc.
Dans la nuit du 21 au 22, nous passons devant les îles
d’Eole, et nous admirons, assis sur le pont, le spectacle
que nous offre le Stromboli, volcan en activité dont le
sommet, toujours couvert de fumée, lance de temps en
temps, des matières enflammées. Enfin, nous engageant
dans ce détroit dont l’entrée est entre Charybde et Scylla,
nous arrivons devant Messine vers quatre heures du matin.
Scylla, comme on sa it,. est un rocher informe situé sur
la côte des Calabres et s’avançant dans la mer. Il a donné
son nom à une ville bâtie tout à côté. Charybde était un
gouffre vis-à-vis de Scylla et près de la côte" de Sicile.
Mais Charybde n’existe plus aujourd’hui ; des tremblements
de terre l’ont fait disparaître et ont donné naissance
à d’autres gouffres situés plus bas, vers Messine. La distance
qui séparait ces deux prétendus monstres, était d’environ
deux milles, car le détroit n’a guère plus de largeur
en cet endroit.
Le vapeur fit halte à Messine pour débarquer et prendre
des passagers, faire du charbon et des vivres. M. Brugman
et moi, nous descendîmes à terre, afin de visiter les curiosités
les plus rèmarquables de la ville. Messine, ses
habitants, présentent déjà un caractère particulier et se
rapprochant de ce qu’on voit en Orient. La disposition
des boutiques, des magasins, au rez-de-chaussée de certaines
rues, ressemble beaucoup à celle des bazars d’Alexandrie,
du Caire et des autres villes de l’Egypte. Sa
population est de 108,000 habitants.
Toute la ville est pavée en larges dalles d’une lave blanchâtre.
La partie la plus animée est le quai, qui a une grande
étendue, où se trouvent les principaux hôtels, quelques
statues et une belle fontaine représentant Neptune tenant
enchaînés Charybde et Scylla figurés par deux monstres.
La rue la plus large, la plus remarquable, est telle
qu’on a nommée rue Garibaldi. C’est aussi la plus commerçante.
Elle est parallèle au quai et a la même étendue.
On y voit le théâtre Victor-Emmanuel et la façade
de l’Hôtel-de-Ville, grande construction dans laquelle on
admire un magnifique escalier en marbre blanc au haut
duquel est une statue colossale, aussi en marbre blanc,
représentant la ville de Messine.
La place de la Cathédrale est la plus belle de la ville.
Elle est ornée d’une statue équestre en bronze de Charles II,
et d’une magnifique fontaine qui est ainsi décrite : » En
haut, Orion sur un soçle tenu par quatre garçons ; quatre
nymphes supportent le bassin supérieur ; quatre tritons,
le second ; et quatre sy rênes ; le dernier. Les quatre allégories
fluviales sont : le Tibre, l’Ebre, le Cumano et le
Nil. Ije grand bassin est orné de bas-reliefs et de figures
d’hommes et de bêtes, toutes allusives aux bienfaits de
l’élément humide. » La statue équestre est attribuée à
Serpotta ; la fontaine, à Angelo Montorsoli.